Les indépendantistes de la CUP font le jeu de l’Espagne et empêchent l’élection du nouveau président de la Catalogne.
Ce vendredi, le juge Llarena, qui instruit l’affaire de la déclaration indépendance, convoque les anciens ministres du gouvernement Puigdemont et Jordi Turull, candidat à la présidence de la Catalogne. Le but du juge est probablement d’envoyer en prison préventive les anciens ministres. Pour contrer la décision du juge, les deux principaux groupes indépendantistes: Junts per Catalunya de Carles Puigdemont et la gauche républicaine (ERC) prévoyaient ce jeudi à 17h un débat d’investiture pour convertir Jordi Turull en président élu de la Catalogne. Si demain, le juge incarcère Turull, c’est un président de la Catalogne qui serait derrière les barreaux. Une première dans l’histoire moderne de la Catalogne. Cependant, l’extrême gauche indépendantiste de la CUP a fait capoter l’opération.
Contrairement à la France, les électeurs ne votent pas directement pour un président, mais élisent des députés. Il y a 135 députés au Parlement catalan, ce sont eux qui ensuite votent pour investir un président. Le candidat à la présidence doit obtenir 68 députés qui votent en sa faveur (la majorité absolue des parlementaires) pour devenir président. Le parti de Puigdemont et la gauche ne disposent que de 66 députés. L’extrême gauche, avec ses quatre parlementaires, est donc indispensable pour investir Jordi Turull nouveau président.
Les quatre parlementaires de la CUP ont annoncé quelques minutes avant la session d’investiture, après avoir consulté leurs militants, qu’ils ne voteraient pas en faveur de Turull. Le débat parlementaire serait donc stérile. La CUP reproche à Junts per Catalunya et ERC de proposer un programme pas assez indépendantiste.
Le spectre du retour en prison
La justice espagnole a décidé de mettre la pression au maximum sur le noyau dirigeant indépendantiste. Demain, en plus de Jordi Turull, sont convoqués devant le juge l’ancienne président du Parlement Carme Forcadell, l’ex-ministre des Affaires étrangères Raül Romeva, l’ancien ministre de l’Aménagement du territoire Josep Rull, l’ancienne ministre de la Fonction publique Dolors Bassa et l’actuelle numéro 2 du parti indépendantiste ERC Marta Rovira. Tous ont en commun d’être actuellement députés indépendantistes. Un responsable séparatiste présent dans une réunion à huis clos du groupe de la gauche républicaine affirme à Equinox que Marta Rovira a fait ses adieux à ses collègues parlementaires, expliquant que, selon ses avocats, elle serait placée en détention préventive vendredi.
Par ailleurs à cause de la CUP, qui se place en idiot utile de l’unionisme, l’article 155 suspendant l’autonomie politique de la Catalogne reste en vigueur. Logiquement, il y aura un second tour du débat d’investiture de Jordi Turull, ce qui sera compliqué puisque le candidat sera probablement d’ici là en prison. Une source proche des négociations a expliqué à Equinox qu’après le week-end de Pâques, un nouveau débat d’investiture devrait avoir lieu avec un nouveau candidat.