L’élection de Jordi Turull est menacée par la CUP qui veut un programme plus indépendantiste.
Depuis les élections du 21 décembre, les indépendantistes cherchent à investir un nouveau président de la Catalogne pour prendre le relais de Carles Puigdemont. L’indépendantisme, suite aux résultats électoraux, est divisé en trois groupes: Junts per Catalunya de Carles Puigdemont (34 députés), la gauche ERC (32 députés) et l’extrême gauche la CUP (quatre députés).
Contrairement à la France, les électeurs ne votent pas directement pour un président, mais élisent des députés. Il y a 135 députés au Parlement catalan, ce sont eux qui ensuite votent pour investir un président. Le candidat à la présidence, doit obtenir 68 députés qui votent en sa faveur (la majorité absolue des parlementaires) pour devenir président. Le parti de Puigdemont et la gauche ne disposent que de 66 députés. L’extrême gauche, avec ses quatre parlementaires, est donc indispensable pour investir ce soir Jordi Turull, nouveau président.
Cet ancien porte-parole du gouvernement de Puigdemont est sous le régime de la liberté conditionnelle suite à la proclamation d’indépendance du 27 octobre. Après avoir passé le mois de novembre en prison préventive, Jordi Turull est sorti avec une caution de 50.000 euros. A la surprise générale, le juge Pablo Llarena le convoque aux côtés de cinq anciens ministres demain pour une audience qui pourrait déboucher sur une remise en détention. Le juge peut arguer d’une récidive des faits de rébellion et sédition si Jordi Turull est à la tête d’un gouvernement indépendantiste.
La réponse de la majorité indépendantiste est à la hauteur de la violence de la décision du juge: Jordi Turull deviendra président de la Catalogne aujourd’hui lors d’un vote exceptionnel de la chambre catalane à 17h. Quelques heures après son élection, il se rendra à Madrid pour se présenter devant le juge. Si ce dernier l’incarcère, c’est un président de la Catalogne qui sera derrière les barreaux. Une première dans l’histoire moderne de la Catalogne. L’avenir sera plus incertain que jamais.
Menace de l’extrême-gauche
Sauf que l’extrême gauche pourrait faire capoter l’opération. La CUP menace d’empêcher l’élection de Jordi Turull en reprochant à Junts per Catalunya d’offrir un programme qui ne soit pas assez indépendantiste. Le point de discorde repose essentiellement sur la tenue d’un nouveau référendum. La CUP considère que suite à la déclaration d’indépendance, la Catalogne est devenue une République. Il est donc nécessaire d’élaborer un texte qui soit officiellement la Constitution de la Catalogne.
Pour la CUP, ce sont les citoyens qui doivent écrire la Constitution. Pour qu’elle soit valide, il faut organiser un référendum pour la ratifier. Junts per Cat et ERC veulent que ce référendum (illégal d’un point de vue espagnol) ait lieu en 2022. L’extrême gauche le veut beaucoup plus rapidement, afin de forcer un nouveau choc avec l’Espagne. La CUP rendra sa décision à 15h après avoir consulté ses militants, soit deux heures avant le début du vote pour investir Jordi Turull.