La Catalogne va vivre dans les prochaines 48 heures le plus grand choc avec l’Espagne depuis la déclaration d’indépendance.
Après les élections du 21 décembre qui se sont traduites par le renouvellement de la majorité indépendantiste au parlement, Carles Puigdemont a tenté de se faire investir président. Impossible, a répondu la justice espagnole via son Tribunal Constitutionnel du fait de la non-présence du candidat Puigdemont sur le sol espagnol.
Plan B : la majorité parlementaire a proposé Jordi Sanchez, numéro deux de Puigdemont. Impossible, a de nouveau répondu la justice espagnole cette fois-ci par la voix du Tribunal Suprême. Le juge Llarena qui a emprisonné préventivement Jordi Sanchez suite à une manifestation indépendantiste lorsque la police espagnole perquisitionnait le ministère catalan de l’économie, a refusé que le candidat sorte de sa cellule pour son investiture.
Plan C : la semaine prochaine, la majorité devait investir Jordi Turull président de la Catalogne. Cet ancien porte-parole du gouvernement de Puigdemont est sous le régime de la liberté conditionnelle suite à la proclamation d’indépendance du 27 octobre. Après avoir passé le mois de novembre en prison préventive, Turull est sorti moyennant une caution de 50.000 euros. A la surprise générale, le juge Llarena convoque Turull et cinq anciens ministres vendredi pour une audience qui pourrait déboucher sur une remise en détention. Le juge peut arguer d’une récidive des faits de rébellion et sédition si Turull est à la tête d’un gouvernement indépendantiste.
La réponse de la majorité indépendantiste est à la hauteur de la violence de la décision du juge : Jordi Turull deviendra président de la Catalogne dans la nuit de jeudi à vendredi après le vote des députés séparatistes. Le président du parlement a accéléré les procédures pour que la chambre puisse se réunir d’une manière urgente ,soit demain à partir de 17h. Une séance exceptionnelle qui se terminera dans la nuit de jeudi à vendredi. Le bloc indépendantiste suite à la convocation du juge qui vise à interférer dans l’élection du président considère que « la dignité du parlement est en jeu ».
Durant toute une nuit, qui sera historique, après un discours de Jordi Turull et la virulente réponse des groupes en faveur de l’unité de l’Espagne, les parlementaires indépendantistes voteront pour que Jordi Turull soit le 131e president de la Catalogne. Quelques minutes après son élection, Turull se rendra à Madrid pour se présenter devant son juge. Si ce dernier l’incarcère, c’est un président de la Catalogne qui sera derrière les barreaux. Une première dans l’histoire moderne de la Catalogne. L’avenir sera plus incertain que jamais.
MISE A JOUR À 22H44 : Les 4 parlementaires de l’extrême-gauche de la Cup annoncent qu’ils ne voteront peut-être pas pour Jordi Turull. Ils considèrent que le programme que défend Turull n’est pas assez indépendantiste. Apres avoir consulté ses militants, la Cup donnera sa réponse demain à 15h, soit deux heures avant le débat d’investiture. En cas de refus de la Cup, les indépendantistes n’auront pas la majorité suffisante pour investir Jordi Turull.