La Cup, que certains qualifient de mouvement le plus à l’extrême-gauche, conditionne la formation du nouveau gouvernement indépendantiste.
Malgré des scores médiocres, 8,21% en 2015 et 4,45 % lors des derniers élections, les anti-capitalistes donnent le La dans la feuille de route indépendantiste. Le fait que l’indépendantisme ne dépasse pas les 50% des voix et obtienne à chaque élection une majorité parlementaire très étroite explique cette dépendance à la Cup.
Contrairement à la France, on ne vote pas directement pour un président mais pour des députés. Les 135 députés votent ensuite pour investir un président. Or, les deux groupes indépendantistes de la chambre Junts Per Catalunya de Carles Puigdemont (34 sièges) et la gauche républicaine (ERC – 32 sièges) ont besoin des 4 parlementaires de la Cup pour avoir une majorité et investir le prochain président.
Suite au retrait -annoncé provisoire- de Carles Puigdemont, c’est le chef de l’association indépendantiste ANC Jordi Sanchez qui doit réunir les suffrages de ses pairs lundi prochain. Malgré le fait que Jordi Sanchez soit, selon la lecture indépendantiste, un « prisonnier politique » depuis plus de quatre mois, la Cup n’a pas l’intention de voter pour lui. La raison : le programme que défendent Junts Per Catalunya et ERC n’est pas assez indépendantiste.
Boucle
La boucle catalane se répète. Début 2016, La Cup avait empêché l’investiture d’Artur Mas, trop consensuel, et avait choisi Carles Puigdemont pour son jusqu’au-boutisme. C’est la Cup qui a accéléré la vitesse du processus indépendantiste, faisant du chantage et menaçant sans cesse de retirer son soutien à Carles Puigdemont qui l’aurait laissé sans majorité parlementaire. L’obsession de la Cup est de désobéir à l’Etat espagnol.
Alors que toute la répression de la justice s’abat sur la Catalogne indépendantiste, les anti-systèmes veulent que le prochain gouvernement entre violemment en conflit avec l’Espagne. Courageuse mais pas téméraire, la Cup refuse systématiquement d’entrer au gouvernement.
Constitution
Concrètement à ce que veut la Cup, c’est la création d’un processus constituant qui rédigera la Constitution de l’Etat catalan. Il faudra ensuite un référendum pour valider la Constitution. Carles Puigdemont veut convoquer le référendum depuis Bruxelles, donc d’une manière symbolique. La Cup veut que ce soit les députés du parlement qui convoquent le référendum ratifiant la Constitution. Exactement le même débat qu’autour de l’organisation du référendum du 1er octobre.
Junts Per Catalunya a annoncé que le parti allait revoir sa copie et faire une proposition à la Cup. La gauche indépendantiste d’ERC freine de toutes ses forces : le parti n’en peut plus de collectionner les martyrs en prison ou poursuivis par la justice. Par ailleurs, le juge Pablo Llarena doit autoriser la sortie provisoire de prison de Jordi Sanchez afin qu’il puisse assister au débat d’investiture lundi prochain. Si le juge refuse, l’indépendantisme devra encore se trouver un autre candidat pour présider la Catalogne . »On a l’impression d’être sur un Dragon Khan politique » écrivait ce matin la polémiste Pilar Rahola dans le quotidien La Vanguardia.