Le Mobile World Congress est sous pression. Le camp indépendantiste, qui ambitionne toujours d’internationaliser sa cause, veut saisir l’opportunité de la couverture mondiale du congrès pour mener des opérations coup de poing.
Un Mobile World Congress sous tension se prépare. Certains secteurs de l’indépendantisme se mobilisent sur les réseaux sociaux pour boycotter le repas officiel qui se tiendra au Palau de la Musica le soir de l’ouverture du Mobile et qui réunira le roi Felipe VI et les organisateurs du Congrès.
Les indépendantistes reprochent au roi d’Espagne de ne pas avoir condamné les violences policières du 1er octobre afin d’empêcher sans succès le déroulement du référendum. C’est la première fois que le souverain revient poser un pied sur le sol catalan depuis la déclaration d’indépendance. Devant la virulence des opposants, durant un temps, la Maison royale avait envisagé d’annuler la présence du souverain au Congrès du Mobile de Barcelone.
Encercler le roi de jaune
Le jaune, depuis le mois de septembre, est devenu la couleur du militantisme indépendantiste. Les rubans jaunes épinglés sur les vestes, accrochés dans les arbres ou tagués sur les trottoirs de Catalogne correspondent au symbole de la demande de remise en liberté des politiques catalans emprisonnés dans le cadre de l’enquête sur la déclaration d’indépendance.
Lors du Mobile World Congress (MWC), les souverainistes veulent que le roi d’Espagne soit encerclé de jaune. Les Comités de Défense de la République, ces groupes très organisés qui opèrent dans les rues de Barcelone, se mobilisent pour que le Palau de la Musica, restaurant d’un soir pour le roi d’Espagne et des pontes de Mobile, soit rempli de jaune.
Les taxis au coeur de la stratégie de mobilisation
Avec ses 93.000 congressistes, le Mobile fait la joie des taxis. Ici aussi, les indépendantistes vont tenter de tirer leur épingle du jeu. Le collectif des chauffeurs de taxis pour indépendantistes propose de laisser des flyers visant à sensibiliser les passagers aux demandes souverainistes catalanes.
Boycott institutionnel
Depuis 2008, date du premier MWC à Barcelone, c’est la seule fois où aucun membre du gouvernement catalan ne sera présent lors de l’événement. De fait, il n’y a plus de gouvernement catalan en place, l’autonomie catalane est sous tutelle des ministères de Madrid dans le cadre de l’article 155 de la Constitution sanctionnant la déclaration d’indépendance. Tant que Carles Puigdemont et ses amis d’un côté, et les indépendantistes de l’autre, ne trouveront pas un accord pour former un nouvel exécutif, l’article 155 continuera de suspendre les institutions catalanes. Les activistes indépendantistes espèrent qu’aucun haut responsable souverainiste n’assistera au repas avec le roi: les regards se tournent vers Roger Torrent, président du parlement, qui est l’unique représentant d’une institution catalane aujourd’hui en état de fonctionner.
Du côté des unionistes, on a peur que les organisateurs du congrès, peu friands de scandales sociaux-politiques, finissent par abandonner Barcelone et qu’ils choisissent une autre mégapole pour accueillir cet événement qui génère chaque année 471 millions d’euros pour l’économie catalane et crée 13.000 emplois temporaires.