Très différent d’un scrutin en France, le système électoral catalan est relativement complexe. Voici les réponses simples pour comprendre comment les Catalans vont élire leur futur président.
L’élection se joue-t-elle à un tour ?
Vrai. Contrairement à la France où les élections sont toujours à deux tours, en Catalogne le scrutin commence et finit en une seule journée.
Le candidat qui arrive en tête est-il élu président ?
Pas forcément. Contrairement à la France, on ne vote pas directement pour un président, on vote pour des députés. Il y a 135 députés au Parlement catalan, ce sont eux qui ensuite votent pour investir un président. Le candidat à la présidence, une fois le Parlement constitué, devra obtenir 68 députés qui votent en sa faveur (la majorité absolue des parlementaires) pour devenir président.
Comment élit-on le président ?
On vote pour des listes de partis. Le candidat qui est numéro un sur la liste postule de facto pour devenir président. Si la liste du candidat qui arrive en tête fait par exemple 25% des voix, cela fait élire une trentaine de députés de sa couleur politique. Ceci ne sera pas suffisant pour être investi président puisqu’il faut 68 députés minimum. Le candidat devra alors nouer des alliances avec d’autres partis pour atteindre l’objectif des 68 parlementaires. Le candidat qui réussit à former une large coalition sera investi président, donc ce n’est pas forcément celui qui arrivera en tête le soir de l’élection.
La représentation est-elle vraiment proportionnelle ?
Non. Le système électoral catalan donne une prime aux circonscriptions rurales: Lleida, Tarragone et Gérone au déficit de Barcelone et sa banlieue. L’idée est de surreprésenter au Parlement les zones rurales qui possèdent moins d’habitants que Barcelone et sa périphérie.
Il faut 48.521 voix à Barcelone pour faire élire un député. A Lleida, il suffit de 20.915 voix pour faire tomber un siège. A Gérone 30.048, chiffre similaire à Tarragone avec 31.217. Donc une liste peut gagner l’élection en nombre de voix (si elle a fait un bon score à Barcelone et un mauvais dans les provinces) et a contrario, une liste peut perdre le suffrage électoral et se retrouver majoritaire au Parlement. Historiquement, c’est le parti socialiste qui est le grand perdant de ce système car il réalise de très bons scores dans la banlieue barcelonaise. Les indépendantistes, qui sont majoritaires dans les villages et les villes de campagne, sont eux favorisés.
Les 135 sièges du Parlement sont distribués comme suit: Barcelone 85 députés; Tarragone 18 députés; Gérone: 17 députés et Lleida 15 députés.
A quelle date le président est-il élu ?
Une fois de plus, la différence avec la France est frappante. L’investiture du président est très lente. Bien sûr, dès le 21 décembre au soir, les résultats définitifs de l’élection seront révélés. Cependant, la commission électorale publiera officiellement ses résultats entre le 5 et 7 janvier 2018. 20 jours ouvrés plus tard, le Parlement doit se constituer. Autour du 23 janvier, les groupes se formeront et éliront le président du Parlement. Ce dernier aura alors une période de 10 jours pour s’entretenir avec tous les candidats qui postulent à la présidence de la Catalogne.
Après cette période, se tiendra dans le Parlement une séance d’investiture, où après deux jours de débats parlementaires, le candidat devra obtenir les fameux 68 députés. Cette session d’investiture aura lieu entre le 6 et 8 février prochain. Si le postulant obtient les 68 voix, il est proclamé président de la Catalogne, prend ses fonctions et nomme un gouvernement de son choix. Dans le cas où aucun candidat n’obtient les 68 votes parlementaires, une nouvelle session d’investiture a lieu un mois plus tard, donc autour du 6 mars. Si à cette date, un candidat obtient les 68 votes, il devient président et nomme le gouvernement. Dans le cas contraire, le Parlement est automatiquement dissout et de nouvelles élections avec un appel aux urnes des Catalans sont organisées dans les 54 jours. Globalement vers la fin du mois de mai 2018.
