Selon un nouveau sondage de l’institut Gesop paru aujourd’hui, le parlement issu des élections du 21 décembre rendrait difficile la création d’une majorité.
Plus on se rapproche de la date fatidique du 21 décembre, plus on constate que les divisions au sein de la société catalane sont profondes. Selon une enquête de l’institut Gesop pour le journal El Periódico, le bloc indépendantiste n’arrive pas à se trouver un leader. La liste de gauche (ERC) menée par l’ancien vice-président incarcéré Oriol Junqueras obtiendrait 30 à 31 députés, tandis que Carles Puigdemont, qui ne cesse de monter dans les sondages, serait en mesure d’égaliser avec un résultat compris entre 29 et 30 parlementaires. Si l’on ajoute entre 7 et 8 sièges obtenus par l’extrême-gauche de la Cup, l’indépendantisme pourrait former un bloc de 66 à 69 députés. Pour former un gouvernement, il faut au minimum 68 sièges. C’est serré.
Du côté des partis contraires à l’indépendance, les socialistes avec Miquel Iceta et les libéraux de Ciutadans avec Inés Arrimadas espèrent chacun arriver en tête de l’élection afin de prendre le contrôle du bloc unioniste. Le sondage du Gesop ne départage pas les deux impétrants qui sont à parfaite égalité avec chacun un groupe de 25 à 26 députés. La droite de Mariano Rajoy peine avec 6 à 7 sièges. Les forces unionistes devraient donc disposer de 56 à 59 sièges.
La branche locale de Podemos, Catalunya en Comu, qui s’est réfugiée dans le « ni-ni » (ni indépendantiste. ni unioniste) aurait entre 9 et 10 députés.
Compliqué de trouver un président pour la Catalogne
Contrairement à la France, où l’on élit directement le président, en Catalogne on vote pour les partis politiques. Les pourcentages de votes obtenus par chaque liste se convertissent proportionnellement en nombre de députés. Les 135 députés du parlement catalan votent ensuite pour le candidat à la présidence qui doit obtenir la majorité absolue de 68 votes pour être investi.
Traditionnellement, la liste qui reçoit le plus de suffrage est chargée de trouver des partenaires pour former une coalition et un gouvernement. ERC et Junts Per Cat de Puigdemont sont en compétition en ce sens. Si ERC arrive en tête et qu‘Oriol Junqueras est toujours en détention préventive, c’est Marta Rovira sa numéro 2 qui devra trouver une majorité pour devenir présidente.
Campagne compliquée pour Marta Rovira, de plus en plus contestée en interne. Ses positions radicales choquent. Certains préféreraient voir l’ancien ministre de la justice, le très consensuel Carles Mundo, à sa place. Si Junts Per Cat arrive en tête, le problème est le même avec Puigdemont qui ne pourra pas rentrer en Espagne sans passer par la case prison. Sa directrice de campagne Elsa Artadi pourrait le remplacer pour une possible investiture présidentielle. Si avec l’aide de la Cup, les indépendantistes obtiennent la majorité absolue les choses sont relativement simples. Si les séparatistes n’obtiennent pas les 68 sièges fatidiques, la situation va vite devenir instable en cherchant une improbable alliance avec les socialistes et Podemos.
La situation est identique dans le camp unioniste. Ciutadans et socialistes espèrent chacun être l’un devant l’autre pour revendiquer la tentative de formation d’une coalition. Pour Arrimadas situation impossible. Classé à droite, le parti ne réussira pas à entraîner à sa suite Podemos. Pour les socialistes, la marge de manœuvre est plus large. Iceta pourrait obtenir le soutien de Ciutadans, des conservateurs de Rajoy et éventuellement de Podemos. Là aussi, il faudra atteindre les 68 sièges.
Si dans les trois mois suivant l’élection, aucun candidat n’a réussi à dégager une majorité, une nouvelle élection aura lieu en Catalogne au printemps. Un scénario que beaucoup envisagent déjà avec sérieux.