Pour la troisième fois en deux semaines, l’ancien premier ministre Manuel Valls exprime sa ferme opposition à l’indépendance de la Catalogne.
Tournée médiatique pour Manuel Valls qui ne se fatigue pas de dénoncer le processus indépendantiste. Il y a une quinzaine de jours sur la radio Cadena Ser, il prophétisait que l’indépendance de la Catalogne serait la fin de l’Europe. La semaine dernière sur BFMTV, chez Jean-Jacques Bourdin, Manuel Valls qualifiait l’indépendance de « folie » qui mènerait tout droit vers une guerre. Cette fois-ci c’est dans le Journal du dimanche que l’ancien premier ministre publie une tribune.
Tout d’abord l’actuel député d’Essonne rappelle l’histoire. En 1981, la Catalogne était loyale à l’Espagne se souvient Manuel Valls:
« Je me souviens de la soirée du 23 février 1981, chez mes parents, à Paris. Une tentative de coup d’État militaire venait de se produire en Espagne. Nous avions l’oreille collée au poste de radio, attendant, anxieux, une déclaration du roi. Mais celui que nous avons entendu le premier fut Jordi Pujol, président de la Généralité, la région catalane. Il déclara alors son amour, son lien et son respect à l’Espagne. Dans un moment dramatique, la Catalogne avait su dire cet attachement. Qu’elle envisage aujourd’hui son indépendance n’a pas de sens. »
Ensuite l’actuel membre de la majorité d’Emmanuel Macron, rappelle ses origines catalanes :
« Je suis naturalisé français depuis 1982 mais je connais bien la Catalogne comme l’Espagne. Je suis né à Barcelone, je suis issu d’une famille de la bourgeoisie catalane et républicaine. Mon père était un artiste catalan, mon grand-père était le rédacteur en chef d’un grand journal catalaniste. À la maison, nous parlions catalan et je continue de le pratiquer avec ma mère et ma sœur. Je n’ignore pas la puissance de l’identité catalane, sa langue, sa culture, ses artistes »
Le parlementaire se livre à un réquisitoire contre les nationalismes :
« Si on laisse faire alors surgiront des courants étriqués et nationalistes, qui expliqueront un jour ou l’autre que le gène catalan n’est pas le même que le gène espagnol ou français. Ils affirmeront que pour être catalan, il faut l’être depuis plusieurs générations. On rentrerait dans quelque chose de contraire à cette région qui, depuis les Grecs et les Phéniciens, s’est construite grâce à son ouverture sur l’extérieur. »
« Chacun a pu être choqué par les images de l’intervention de la police le jour du référendum. Mais tout de même, cela n’en fait pas une police fasciste. L’État espagnol n’est pas non plus totalitaire. Et les Catalans ne sont pas un peuple opprimé. »
S’en suit un parallèle avec la politique en France
« Accepterions-nous qu’une telle chose arrive en France? Non bien sûr. Chacun a pu être choqué par les images de l’intervention de la police le jour du référendum. Mais tout de même, cela n’en fait pas une police fasciste! L’État espagnol n’est pas non plus totalitaire! Et les Catalans ne sont pas un peuple opprimé! Pendant les émeutes urbaines de 2005 ou lors des manifestations contre la loi travail l’année dernière, la France a elle aussi été confrontée à des problèmes d’ordre public. Pour autant, nous n’avons pas reçu des injonctions de nos voisins pour faire autrement. »
Manuel Valls craint une contagion du mouvement en Europe
« Je regrette que l’Europe n’ait pas fait passer ce message avec plus de fermeté avant le référendum du 1er octobre (…) Si l’un des grands États nation de l’Europe se démembre alors la boîte de Pandore sera ouverte. Le Pays Basque se déchirera à nouveau, avec des conséquences réelles pour la France, l’Italie du Nord empruntera le même chemin, etc…(…) La guerre est toujours possible. »
Invité ce matin sur Antena 3, l’ancien premier ministre a répété que pour lui, l’indépendance de la Catalogne était une « voie sans issue »: