Les trois scénarios de Puigdemont pour proclamer l’indépendance

Le Parlement de Catalogne va proclamer l’indépendance entre vendredi et lundi prochain. Trois scénarios pour cette déclaration sont sur la table.

Après le référendum de dimanche, malgré toutes les polémiques autour de son organisation, le président Puigdemont considère que le « oui » a gagné. Le président souhaite donc, comme il l’a annoncé dès dimanche soir, que le Parlement catalan se réunisse en séance plénière afin de proclamer l’indépendance, comme le stipule la loi de transition votée par la Chambre des députés et suspendue par le Tribunal constitutionnel.

Le camp indépendantiste est en retard sur son planning: les résultats officiels auraient dû être annoncés lundi et le Parlement convoqué 48 heures après, comme le stipule la loi de déconnexion: donc aujourd’hui. Officiellement, les persécutions policières ont retardé le recomptage des voix, le résultat ne devrait être connu qu’aujourd’hui et le Parlement devrait se réunir vendredi au plus tôt ou lundi au plus tard. Officieusement, ce retard est dû aux avis divergents du camp séparatiste sur la forme que doit revêtir cette déclaration.

3 options pour déclarer l’indépendance

Les puristes: l’extrême-gauche de la CUP et les associations indépendantistes ANC et Omnium, sont en faveur d’une déclaration « sèche ». Le jour où le Parlement proclame l’indépendance, la Catalogne doit être considérée à l’instant même comme définitivement séparée de l’Espagne. La Police Nationale et la Guardia Civil deviennent des forces étrangères et sont invitées à quitter le pays. Les banques doivent transférer l’argent des impôts espagnols immédiatement sur les comptes de la Generalitat. On peut, si cette option l’emporte, imaginer des symboles forts, comme faire tomber les drapeaux espagnols des bâtiments publics.

Un scénario qui déplaît à la frange modérée incarnée par une partie de la gauche républicaine (ERC) et un secteur important du parti d’Artur Mas (PDeCAT). Cette frange préférerait proclamer symboliquement l’indépendance cette semaine, mais laisser passer une période de six mois à un an, avant de prendre la moindre mesure concrète, de manière à laisser à l’Espagne et l’Europe le temps d’ouvrir une négociation pour faire les choses en douceur.

Quant au secteur le plus modéré de PDeCAT, il propose de déclarer timidement l’indépendance et de convoquer dans la foulée des élections catalanes qui, si les séparatistes l’emportent, valideraient dans les urnes la déclaration d’indépendance.

La décision doit être prise rapidement

Dans les heures ou les jours qui viennent Puigdemont va devoir prendre sa décision et faire le grand écart. Le président ne peut perdre le soutient de l’association indépendantiste ANC qui, avec sa logistique et ses volontaires, a permis la mise en branle du référendum. Puigdemont ne peut pas non plus froisser la CUP qui tient la rue. Il est possible qu’en ordonnant les violences policières, le machiavélique Mariano Rajoy ait cherché à diviser le camp indépendantiste. La manifestation et la grève de mardi étaient prévues par la CUP et l’ANC de longue date. Les violences ont boosté au-delà de toutes limites cette grève la rendant générale. De fait, la CUP sort renforcée de cet épisode.

La déclaration d’indépendance devra avoir une certaine solennité comme l’exige la CUP. Aller trop loin et trop vite peut effrayer les secteurs modérés qui ne veulent mettre en risque ni l’économie, ni l’image internationale de la Catalogne. Un excès dans un sens ou dans un autre peut décrédibiliser la déclaration d’indépendance et scinder le bloc séparatiste. Dans son bureau du palais de la Moncloa à Madrid, Mariano Rajoy attend, en fumant probablement ses cigares cubains comme il en a l’habitude.

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