Icône emblématique de la capitale catalane, la Torre Agbar éclaire la ville depuis plus de dix ans. Ses illuminations dans un dégradé de bleu et de rouge la rendent visible et unique dans le paysage barcelonais. Equinox vous révèle les secrets de son éclairage atypique.
Inaugurée en 2005, la Torre Agbar est l’un des gratte-ciel les plus célèbres de Barcelone. Loin de faire l’unanimité, son modernisme a divisé les architectes qui l’ont soit admirée soit critiquée. Son appellation initiale est un acronyme d’Aguas de Barcelone, la compagnie des eaux de Barcelone qui fut le premier propriétaire du bâtiment. Avec ses 145 mètres de hauteur, l’édifice délimite l’entrée du 22@, le nouveau quartier des affaires de Barcelone. En janvier 2017, après que la mairie se soit opposée à la création d’un hôtel, la tour a été rachetée par la société d’investissement immobiler Merlin Properties pour 142 millions d’euros. L’édifice devrait accueillir des bureaux. Elle a par la suite été rebaptisée Torre Glòries, un choix dû à son emplacement près de la place du même nom.
Un geyser émanant de la terre
Oeuvre de deux Français, l’architecte Jean Nouvel et le plasticien Yann Kersalé, la Torre Agbar se distingue tout particulièrement par son impressionnant éclairage bleu et rouge. Sa conception a été influencée par deux symboles de la culture catalane : la Sagrada Familia de Gaudí et le massif montagneux de Monserrat qui a inspiré sa forme allongée. La bâtisse est recouverte de plus de 4500 fenêtres rectangulaires creuses couvertes par 56.619 lamelles de verre translucide.
D’après le cabinet d’architecte Jean Nouvel, le bleu serait une analogie de l’eau et une référence faite au groupe Agbar, la Société Générale des eaux de Barcelone qui maîtrisa l’ouvrage de la tour. L’artiste aurait ainsi voulu donner l’impression d’un geyser émanant de la terre pour finalement atteindre le ciel bleuté de la capitale catalane. Le rouge orangé fait quant à lui écho à la terre volcanique qui fait le lit du geyser et se présente comme un hommage aux pierres du Montserrat.
4500 LED pour décomposer les couleurs
La tour dispose de plus de 4500 dispositifs lumineux (LED) qui permettent de diffuser cette palette de rouge et de bleu. Un travail technique pensé par le plasticien Yann Kersalé qui a souhaité que la tour décompose la lumière de sa base jusqu’à son sommet. « La tour a la forme d’un prisme comme une tablette de Toblerone en lamelles de verre. Lorsque la lumière passe à travers ce prisme en verre, son rayon se décompose alors en un spectre de couleur » explique l’artiste.
L’idée originelle était que la lumière en mouvement apparaisse dans des couleurs fragmentées et s’insère entre les fenêtres et les lamelles de verre de la tour. L’éclairage a ainsi été primordial dans l’élaboration du projet. « Le travail de la lumière était central car Barcelone est une ville ensoleillée mais aussi un lieu qui rayonne culturellement » raconte le plasticien.
Le contrôle de l’éclairage fonctionne de façon autonome. Grâce à un système sophistiqué, 16 millions de couleurs peuvent être reproduites sur la façade de la tour. Des illuminations particulières ont ainsi été programmées lors de la victoire du championnat de Liga par le FC Barcelone, le 50e anniversaire du traité de Rome ou les 40 ans de la Gay Pride barcelonaise en juin dernier.
Au-delà de ces événements spéciaux, Yann Kersalé regrette la liberté dont disposent les propriétaires de la tour concernant la gestion de l’éclairage. L’artiste se désole que l’illumination originelle en dégradé des couleurs tire dorénavant plus vers le rouge et le bleu vifs. « Les couleurs ne sont plus naturelles. De plus, après douze ans, les LED ont besoin d’être remplacés car ils n’émettent plus que 40% environ de leur puissance lumineuse » conclut l’artiste. A bon entendeur…