Révélée ce matin par le quotidien La Vanguardia, l’histoire de Montsé a fait le tour du web, nouveau symbole d’un tourisme hors de contrôle menant à tous les excès.
Montsé a loué un appartement à 200 euros la nuit dans le quartier de la Barceloneta, via la célèbre plateforme Airbnb. Elle est arrivée hier dans le logement avec son mari. Ils ont changé la serrure et comptent bien rester.
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En réalité, Montsé est la propriétaire de cet appartement, qu’elle a hérité de ses parents. Elle l’a entièrement rénové l’année dernière pour pouvoir le proposer à la location à un bon prix, en l’occurrence à 950 euros. Il ne restait plus qu’à trouver le locataire idéal. Finalement son choix se porte sur Timur, un jeune homme de 26 ans, russo-chilien, qui explique qu’il est conseiller financier au Royaume-Uni et que son entreprise le mute à Barcelone. Il présente des fiches de paie à 3000 livres (environ 3500 euros). Début mai, le nouveau locataire prend possession des lieux.
Un réseau organisé
Quatre jours plus tard, Montsé contacte son locataire par whatsapp pour procéder au changement de nom des services d’électricité et eau. Il répond qu’il est à l’étranger pour le travail, qu’il ne sait pas quand il rentrera. Et ne se reconnecte plus sur whatsapp. Montsé se rend à l’immeuble et constate des serviettes de plages étendues au balcon. Les voisins lui confirmeront plus tard que son appartement est constamment loué à des touristes.
La propriétaire retrouve le logement sur Airbnb, il est loué à 200 euros la nuit en juin, à 250 euros en juillet et août. Elle contacte la plateforme qui refuse de retirer l’annonce, proposant simplement une médiation. L’offre est par ailleurs régulièrement publiée sous des noms d’hôtes différents.
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Montsé envisage la voie judiciaire, mais son avocat la prévient : comme il n’y a pas de loyer impayé, elle peut mettre un an à récupérer son bien. Finalement elle et son mari décident de réserver l’une des seules nuits encore libres dans l’appartement et prennent un jour de congés pour s’y rendre. Ils se font passer pour des touristes. L’homme qui leur ouvre (et qui n’est pas leur locataire) est pressé. Il doit accueillir des visiteurs dans deux autres appartements, leur dit-il.
Montsé explique qu’elle est consciente des risques qu’elle a pris, et que ses méthodes ne seront pas forcément avalisées par la justice. Aujourd’hui, un « responsable » viendra chercher leurs clés, et d’autres touristes viendront pour occuper l’appartement. Mais le couple ne compte pas partir. « Maintenant on va voir ce qu’il va se passer, confie la propriétaire, […] je ne les laisserai pas entrer. Mais j’ai peur. »
De son côté la mairie, qui a fait de la transformation touristique de Barcelone son cheval de bataille, a indiqué avoir pris contact aujourd’hui avec le couple et ouvert une procédure contre le locataire indélicat.