Les indépendantistes catalans en guerre contre Ada Colau

Ada Colau célèbre ses 2 années à la tête de Barcelone. Un anniversaire qui fait grincer des dents, notamment chez les indépendantistes du parti du président catalan Carles Puigdemont qui viennent d’éditer un magazine répertoriant, selon eux, tous les échecs de la première édile.   

Resultado de imagen de run run ada colau« El Run Run! » littéralement le bruit de fond. C’est par cette expression qu’Ada Colau avait mené tambours battants sa campagne électorale de 2015. Comprendre : la ville de Barcelone murmure d’un incessant refrain qui demande à ce que les Indignés prennent le pouvoir pour mettre en place des réformes.

Deux ans plus tard, les indépendantistes de centre droit du PDeCAT (à qui Ada Colau a ravi la mairie) viennent d’éditer un magazine au style tabloïd anglais en titrant « El Run Run! ». Cette fois-ci, il n’est pas question d’un murmure citoyen favorable à Ada Colau mais au contraire de lister les promesses non-tenues, les politiques clivantes et les échecs de la mairesse de Barcelone. Des méthodes de choc pour contrer celle qui vient de créer un nouveau parti et viserait désormais la gouvernance de la Catalogne.

L’explosion du prix des loyers et des expulsions

Les indépendantistes de PDeCAT, le parti d’Artur Mas et de Carles Puigdemont, attaquent dans leur revue parodique la politique du logement d’Ada Colau. Chiffres à la clés : « augmentation du prix des loyers barcelonais de 15% sur un an pour arriver à une moyenne record de 848 euros » sur la ville. Pendant ce temps-là, « les squats peuplés de groupes anti-systèmes ont progressé de 60% », tandis que « chaque jour 7 familles dans la capitale catalane sont mises à la rue suite à une expulsion ».

La mairie de Barcelone réplique avec la création de son unité contre l’exclusion résidentielle ayant aidé plus de 1500 familles en voie d’expulsion et un budget logement multiplié par quatre. Ada Colau a aussi sanctionné les banques disposant d’appartements vides dans la capitale catalane.

La gestion du tourisme

La mauvaise gestion du tourisme est également pointée du doigt par le camp indépendantiste. Les amis de l’ancien maire de Barcelone, Xavier Trias, déplorent que les mesures d’Ada Colau « n’empêchent nullement la prolifération des appartements touristiques ». L’opposition remarque qu’Ada Colau « fait beaucoup d’annonces chocs dans les médias, mais sur le terrain les contrôles effectifs contre les appartements loués sans licence aux touristes sont quasiment inexistants ».

Et le moratoire empêchant l’ouverture de nouveaux hôtels? « Il a fait perdre 300 millions d’euros à la ville et la création de 4000 postes de travail » estime le parti indépendantiste, connu pour ses positions libérales. Du côté des porte-paroles de la Mairie, on fait profil bas arguant que beaucoup de décisions en la matière ne dépendent pas des compétences municipales. En revanche les équipes de la mairesse se félicitent qu’une amende record de 600.000 euros ait été infligée aux plateformes Airbnb et Homeaway en novembre 2016 pour la diffusion d’annonces d’appartements touristiques ne disposant pas de licences.

Insécurité et incivilités vs mesures sociales

Depuis les premiers jours de son mandat, Ada Colau reçoit les foudres de certains habitants de Barcelone, des commerçants, et sa propre police (la Guardia Urbana) pour la gestion de la sécurité publique. Selon le PDeCAT, les vendeurs ambulants, les fameux « top mantas », ont « envahi tous les quartiers de la ville, et Ada Colau fait preuve d’un laxisme sans faille en empêchant la Guardia Urbana d’effectuer son travail de répression ». Les vols et les dégradations sont en augmentation en 2016 dans tous les quartiers barcelonais.

Dans le camp Colau, on préfère communiquer sur les mesures sociales entreprises par la Mairie. Notamment sur la fonction de ville d’accueil pour les réfugiés. L’esprit des mesures d’Ada Colau est de renforcer les centres d’accueil existants et d’insérer les vendeurs ambulants via notamment la création d’une coopérative leur permettant d’exercer leur activité légalement.

Ada Colau a converti Barcelone en une ville-laboratoire de la mise en pratique des idées de Podemos et de ses alliés. Pour le premier adjoint Gerardo Pisarello, qui remplace actuellement la mairesse partie en congé maternité, le bilan de ces deux premières années est « assez satisfaisant ». Ajoutant, comme une justification : « quand tu fais 5 grandes actions, on les voit beaucoup, mais quand tu fais 50 moyennes actions, on les voit moins ».

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