Elles passent inaperçues – à moins que l’on ne soit perdu – et pourtant, certaines plaques des rues de Barcelone ont des noms surprenants. Equinox vous propose une petite balade insolite dans la capitale catalane.
La nomenclature des rues barcelonaises renferme des curiosités historiques. Ce n’est qu’à partir de 1770 que l’on fixa aux murs de Barcelone des plaques en céramique blanche avec le nom de la rue et du quartier en lettres bleues.
Certains noms de rues ont été choisis par les propriétaires et familles illustres de l’époque, c’est le cas de la plupart des rues de la Ciutat Vella. Dans le quartier de l’Eixample, les noms de certaines rues sont dédiés aux conquêtes de Jaume I au XIIIème siècle comme Carrer d’Arago, Carrer de Valencia, Carrer de Mallorca, Carrer de Provença… Toutefois, quelques noms de rues sortent du lot et continuent de nous surprendre.
Rue des Bisous
Carrer dels Petons. A deux pas de l’Arc de Triomf, cette petite rue est un lieu avec beaucoup d’histoire. Pour l’origine de son nom, on raconte trois versions. Le nom viendrait de Joan Pontons qui vivait dans cette rue et que ses voisins surnommaient Petons. C’est la version officielle donnée par le Conseil municipal de Barcelone. L’autre version serait que c’est une rue étroite et obscure, un lieu parfait pour les amants clandestins. Moins romantique, la rue était une impasse qui donnait sur l’esplanade où les condamnés étaient exécutés. Et c’était là qu’ils quittaient leurs êtres aimés avant la sentence.
Rue Nous y sommes
Carrer Ja-hi-som. Dans le quartier du Tibidabo, cette rue mène de Vallvidrera jusqu’au funiculaire. « Ja-hi-som! » veut dire « nous sommes déjà arrivés! » ou « nous y sommes », c’était probablement l’exclamation des gens lorsqu’ils avaient gravi cette montée!
Rue du Mal cuisiné
Carrer del Malcuinat. Située dans le Born, cette rue était à l’époque un passage couvert qui proposait des stands de nourriture. Elle permettait d’aller du Palais Reial à la basilique Santa Maria del Mar. On y vendait un plat typique au Moyen-Âge : le malcuinat, à base d’abats cuisinés. Ce plat populaire se vendait uniquement dans les stands de rue, les auberges et les bordels.
Rue du Danger
Carrer del Perill. Cette rue située dans le quartier de Gràcia, tient son nom de sa dangerosité pour les passants. À cause de ses nombreux trous dans le sol et du manque de lumière la nuit, la rue se nommait « del Peligro » (danger en espagnol) avant de passer au catalan Perill. Ce qui est moins connu, c’est que le nom originel était en fait Pelegrí, du fabricant de textile barcelonais Pelegrí Viladiu.
Place du Doute
Plaça del Dubte. À Sant Antoni, cette place tient son nom de la fontaine d’eau qui s’y trouvait à l’époque. Trois paysans des grands jardins de Saint-Antoine se disputaient l’origine de la source de cette fontaine qui provenait selon chacun d’eux d’en-dessous de leur verger. Comme ils ne se mettaient pas d’accord sur la provenance de l’eau, ils l’ont baptisée la fontaine du « doute ».
Rue des Amoureux
Carrer dels Enamorats. Dans le quartier de la Sagrada Familia, cette rue est tracée sur l’ancien « camí dels Enamorats », le chemin qui conduisait de Sant Martí à Barcelone, qui avait finalement pris le nom du Torrent dels Enamorats. Le nom viendrait d’une maison datant de 1698 dénommée « la maison des amoureux ».
Rue du feu follet
Carrer del Foc Follet. Dans le quartier Bon pastor, ces deux rues sont en mémoire au poète et dramaturge espagnol Ignasi Iglésias. Foc follet est une pièce de théâtre dramatique d’Ignasi Iglesias. Datant de 1899, l’action de la pièce se passe à Barcelone. La rue débouche sur la Carrer de la Formiga qui fait référence à un monologue du même écrivain.