Dans l’hypothèse où la candidate FN serait élue présidente en France, quelles seraient les répercussions en Espagne ? Eléments de réponse.
Le 7 mai prochain, la France découvrira le visage de son nouveau président. Et s’il s’agissait d’une présidente ? Le Front National, qui se dit être « le premier parti de France », serait déjà assuré d’être au second tour. Dans le cas d’une victoire, la candidate FN a promis de mettre en application les 144 propositions du programme dévoilé et mis en ligne le 4 février. On y retrouve une volonté ferme de rétablir « un patriotisme économique et un protectionnisme intelligent » comme, elle l’avait déclaré à France 2.
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L’Europe, numéro 1 dans le viseur de la candidate FN
Ce n’est une surprise pour personne. L’une des premières réformes du Front National sera consacrée à l’Europe. Anti-euro assumée et fervente défenseur du patriotisme économique, la candidate FN propose une sortie de l’Euro. Au programme ? Retrouver une indépendance souverainiste et monétaire, puis proposer un référendum pour organiser ou non la sortie de l’Euro. Un fameux « Frexit » aux conséquences lourdes sur le marché économique européen et qui impliquera nécessairement une adaptation de la part des pays membres et notamment l’Espagne.
La fin de l’euro pour la France, ce serait aussi la fin de l’euro pour l’Espagne selon l’économiste Elisenda Paluzie, professeur d’économie à l’Université de Barcelone : « une sortie de l’euro de la part de la France conduirait à la fin de l’euro en Europe, car la France et l’Allemagne sont des membres fondateurs, économiquement et politiquement ».
Des milliers d’emplois en jeu en Catalogne
Un des objectifs du Front National serait de faire revenir les entreprises françaises en France. Un rapatriement de la production française qui s’effectue sur le territoire européen et mondial. Pour Louis Aliot, vice-président du FN et contacté par Equinox, c’est important de « mettre en place des mesures d’institutions fiscales pour être compétitif et pour relocaliser un certain nombre de productions ». Quid de l’impact de cette relocalisation sur l’Espagne ? Le secteur de l’automobile des entreprises françaises, par exemple, est très important en Espagne. Sur 185 entreprises étrangères, 32 sont françaises.
En Catalogne, ce serait également très préjudiciable. Nissan, récemment racheté par Renault, constitue l’une des plus grandes entreprises de production automobile catalane. Dans la région, il n’y a pas moins de 667 entreprises avec un capital français, dont Danone, Sanofi-Aventis, ou encore SOPRA. Le rapatriement de ces entreprises mettrait en jeu des milliers d’emplois.
Des mesures difficiles à mettre en place
Des emplois qui seraient perdus si les entreprises françaises étaient relocalisées. Mais ces mesures ne seraient pas si faciles à mettre en place selon Elisenda Paluzie : « l’interventionnisme sur des multinationales ne se fait pas du jour au lendemain, ces entreprises ont des stratégies de localisation mondiale bien étudiées ».
En plus de prendre du temps, il faudra se montrer convaincant, comme l’affirme la professeur d’économie : « il sera primordial de compenser économiquement pour inciter ces entreprises à revenir en France car sinon elles ont à leur disposition de multiples moyens d’échapper à cette tentative de relocalisation, dans le but d’avoir le système qui leur sera le plus favorable, donc cela me semble assez irréaliste ».