À Barcelone, pour entrer à prix réduit dans les boîtes de nuit, il existe les promoteurs. Ils arpentent les rues de la capitale catalane pour alpaguer les clients et vendre des soirées. Ils peuvent gagner jusqu’à 300 euros par jour. Rencontre.
À l’arrivée des beaux jours, ils se font de plus en plus nombreux dans Barcelone: les promoteurs. Ils sont principalement dans la vieille-ville, mais surtout postés à des zones très fréquentées comme la Rambla ou la plage pour promouvoir des boîtes de nuit ou des bars. Tout Barcelonais qui se respecte a déjà croisé leur route. Pour attirer l’attention, ils interpellent les passants, souvent en anglais, avec des phrases telles que « Salut, que faites-vous ce soir? », « soirée ce soir? » , « Shôko, Opium? ».
Leur mission est de faire la promotion de soirées ou de lieux dans la rue pour y ramener des clients. Les démarcheurs peuvent les accompagner directement dans une boîte ou leur vendre des entrées à prix réduits. Ils travaillent pour des organisateurs de soirées, des agences d’événementiel ou directement des boîtes de nuit. Difficile d’estimer le nombre de personnes qui exercent cet emploi à Barcelone. Certains le font illégalement, d’autres à temps plein ou seulement quelques heures pour arrondir les fins de mois.
Une clientèle touristique
Si Barcelone est une destination touristique toute l’année, elle l’est encore plus durant les mois d’été. Parmi ces visiteurs figurent de nombreux jeunes qui ont envie de sortir et de profiter des nombreux lieux de la vie nocturne de Barcelone. Pour les guider, il existe donc les promoteurs. Selon plusieurs travailleurs interrogés par Equinox, la majorité des clients sont des touristes, 98% pour Vincent. Du côté des nationalités, il y a de tout, pas seulement des Français mais aussi « des Anglais, Italiens, Belges, Allemands, Suisses, Hollandais » nous détaille Young.
À l’approche de l’été, les offres d’emplois sont plus nombreuses sur les réseaux sociaux ou sites spécialisés. Beaucoup promettent une véritable formation en vente mais aussi des revenus très intéressants, pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros par mois.
« Je peux gagner jusqu’à 300 euros par jour »
Pour les plus motivés « c’est de l’argent facile » explique Young, 25 ans. Il est démarcheur depuis un an, pour les clubs Pacha, Shôko, CDLC, Opium, City Hall, Otto Zutz et Sutton. « Je peux me faire jusqu’à 300 euros par jour hors saison, et plus une fois que la saison est lancée » confie-t-il. Vincent, ancien promoteur âgé de 30 ans, nous explique que « le salaire dépend de chacun. Nous n’avons pas de fixe, nous sommes comme travailleur indépendant, tu dois compter sur ton tempérament et ton talent pour donner envie aux gens de venir te suivre à la soirée. »
En effet, le salaire varie en fonction du nombre de personnes qui entrent dans la boîte de nuit grâce au démarcheur ou en fonction du nombre d’entrées vendues. De plus, la commission récupérée varie selon les organisateurs pour lesquels ils travaillent. Erica a été promoteuse durant deux trois mois dans la capitale catalane. Elle travaillait de 22h à 02h du matin tous les jours sur la Rambla. « Il était possible de gagner jusqu’à 150 – 200 euros par jour, mais la moyenne c’était plutôt 50 euros par jour. » Le salaire fait rêver mais il n’est pas si facile à atteindre. Erica confie que « cela reste un travail de rue donc très peu glamour et difficile ». Plusieurs diront qu’il faut bien s’y préparer psychologiquement. Vincent précise « qu’essuyer des refus toute la journée peut être dur à gérer mentalement pour certains. »
Des revenus non déclarés
Toutefois, même s’ils sont nombreux et visibles aux yeux de tous, beaucoup de promoteurs travaillent au noir. Vincent avait choisi cette option durant plusieurs années « car il y a moins de contraintes qu’un autre emploi, si ce n’est de se faire parfois arrêter par la police (…). Quand les agents nous arrêtent, c’est généralement en flagrant délit en train de vendre des entrées en boîtes. Ils nous fouillent, nous embarquent dans leur local de la plage pour un contrôle d’identité. Puis nous confisquent notre matériel de travail (carnets de tickets) et l’argent en espèces que nous avons sur nous, en disant que c’est de l’argent gagné au noir. Puis nous mettent une amende et nous relâchent. »
Mais ce risque de se faire arrêter par la police, les démarcheurs sont prêts à le prendre car le jeu en vaut la chandelle. Pour l’ancien promoteur « c’est un emploi qui offre plein de belles choses ». Outre l’argent, « on peut faire des rencontres avec des gens venant de partout » explique Young. Pour ces jeunes gens, c’est aussi un moyen pour eux de profiter du monde de la nuit de Barcelone, en ayant des entrées et boissons gratuites. Avec un risque parfaitement calculé.