Interrogé sur le désir d’indépendance de la Catalogne, François Fillon a indiqué jeudi 6 avril sur l’antenne de RFI qu’il était favorable à l’auto-détermination des peuples, précisant toutefois que le cas catalan était une question interne à l’Espagne.
Le candidat des Républicains à l’élection présidentielle était en interview hier sur RFI où il a longuement été interrogé sur les sujets internationaux les plus brûlants. Il s’est notamment exprimé sur la Crimée. « Reconnaître l’occupation de la Crimée par la Russie de manière unilatérale pour un pays comme la France, c’est bafouer le droit international et continuer à considérer que la Russie n’a aucune raison de se trouver en Crimée alors que l’immense majorité de la population de la Crimée est russe. c’est bafouer un droit fondamental qui est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » a indiqué François Fillon.
Reprenant la formule, le journaliste Christophe Boisbouvier l’a ensuite interrogé sur le cas catalan : « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes dites-vous […] est-ce que l’Espagne a tort ou raison d’interdire aux Catalans un référendum sur leur indépendance ? » Le candidat répond que « c’est une question qui regarde l’Espagne, qui est du ressort de la politique intérieure espagnole et je me garderai bien de porter un jugement ». Le journaliste reprend : « cela vous choquerait que la Catalogne soit indépendante ? », le candidat répond « ce qui me choque c’est qu’on nie totalement le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, qui est un principe fondamental, véhiculé par la pensée française depuis les Lumières ».
A contre-courant de sa famille politique
La position de François Fillon, bien qu’il se garde de porter un jugement sur le conflit Espagne-Catalogne, a de quoi surprendre. Le parti des Républicains, véritable alter ego du Partido Popular de Mariano Rajoy, est la famille politique européenne la plus opposée au référendum et à l’indépendance catalane. En liant le « droit à décider » à l’esprit des Lumières, François Fillon est beaucoup plus proche des partis politiques indépendantistes catalans ou de Podemos que des conservateurs.
Nicolas Sarkozy, dont François Fillon a été le premier ministre, est le responsable européen qui s’est le plus opposé aux indépendantistes catalans, venant même physiquement à Barcelone soutenir Mariano Rajoy dans un meeting à la veille des élections autonomes de septembre 2015. Pour Nicolas Sarkozy et ses amis, la condescendance intellectuelle envers le processus séparatiste fut toujours de mise, allant jusqu’à parler d’imbécilité dans une interview au journal El Mundo. On est très loin de la déclaration sur l’esprit des lumières de François Fillon. Nul doute, que cette sortie de route de François Fillon, risque d’être un caillou dans la chaussure pour Mariano Rajoy.
Lire aussi : Jean-Luc Mélenchon favorable à un référendum en Catalogne
Après les déclarations de l’équipe de Jean-Luc Mélenchon sur Equinox qui indiquaient que le candidat soutenait philosophiquement un référendum du peuple catalan, François Fillon est le second candidat de cette élection présidentielle à s’intéresser à la question séparatiste.