Le gouvernement de Catalogne souhaite organiser avant septembre un référendum indépendantiste non-autorisé par l’Espagne. Si l’Etat espagnol empêche l’installation des bureaux de vote dans les écoles de Catalogne, l’association des chrétiens indépendantistes propose de le faire dans les temples et églises.
Le gouvernement catalan l’assure matin, midi et soir : il y aura un référendum sur l’indépendance de la Catalogne avant fin septembre 2017, qu’il soit autorisé ou non par l’Espagne. Problème : si le scrutin est frappé d’interdiction par Madrid, l’installation des bureaux de vote dans les écoles publiques catalanes, comme il est de tradition à chaque scrutin, risque d’être impossible. Les différents ministères catalans travaillent en ce moment sur différents scénarios permettant de contourner la prohibition. L’association des chrétiens pour l’indépendance, une branche de l’association séparatiste ANC, a émis la proposition d’organiser le référendum dans les églises et temples de Catalogne. Pour cela, le mouvement chrétien indépendantiste exige que l’Eglise s’implique en cédant ses locaux et bâtiments le jour du vote.
Quel rôle l’Eglise doit-elle jouer dans le processus indépendantiste?
Au-delà de la proposition qui pourrait prêter à sourire, le débat sur l’implication de la religion dans le débat indépendantiste se pose. Si les premiers chrétiens tenaient à rester parfaitement neutres quant aux affaires politique (suivant l’exemple et le commandement de Jésus « Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu »), on sait au contraire que la chrétienté n’a eu de cesse de s’impliquer dans la vie politique, et cela internationalement.
En Catalogne, l’Eglise a joué un rôle social relativement important durant la dictature. Si dans toute l’Espagne, le catholicisme a soutenu corps et âme le régime dictatorial du général Franco, de fortes nuances sont à apporter sur la situation en Catalogne. Durant les années 60, l’Eglise catalane a exercé une forte influence sur les mouvements sociaux et syndicaux. A l’époque, au risque de subir les persécutions du régime espagnol, elle permettait dans ses lieux de cultes la tenue de rassemblements catalanistes alors interdits.
Au regard de cette histoire chargée, on comprend mieux, la demande de l’association des chrétiens pour l’indépendance. Dans un colloque ayant pour thème « Un regard chrétien sur le Catalogne du futur » , le leader indépendantiste Josep Torrent a estimé le 28 mars dernier que l’Eglise « devait favoriser activement le fait que le peuple catalan puisse exercer son droit à l’auto-détermination (…) De la même manière que durant la dictature, l’Eglise catholique défendit le droit de réunion et de liberté d’expression, aujourd’hui il est nécessaire que nos évêques se réaffirment dans le droit des Catalans à choisir leur avenir ».
Si les chrétiens pour l’indépendance demandent à l’Eglise de céder ses bâtiments à la Generalitat le temps d’un référendum, ils ne pensent pas que les autorités religieuses doivent militer pour l’indépendance mais seulement pour le droit à voter.