L’ancien président de la Catalogne, Artur Mas, comparaissait aujourd’hui devant le Parlement catalan pour rendre compte devant les députes du supposé financement illégal de son parti Convergencia. L’échange a été l’occasion de nombreuses passes d’armes entre Artur Mas et les parlementaires.
Sobrement vêtu, tout en gris, lui donnant un aspect plus discret que d’accoutumée, Artur Mas s’est présenté relativement détendu devant les parlementaires. L’homme est au cœur de la tempête depuis que l’ancien directeur du Palau de la Musica a mis en cause le parti Convergencia dans une vaste affaire de corruption. Artur Mas était le secrétaire général de Convergencia à l’époque des faits. Le tribunal de Catalogne juge depuis le début du mois de mars l’affaire des 3% qui empoisonne la vie politique catalane depuis 20 ans. Mis en cause par Felix Millet, Artur Mas balaie du revers de la main, cet homme qui a » fait une alliance avec le procureur et qui change de versions tous les jours pour négocier le rabaissement de sa peine ».
On reproche au parti d’Artur Mas d’avoir encaissé des commissions de 3% de la part d’entreprises privées sur tous les marchés publics octroyés par la Generalitat à la fin des années 2000. « Le financement de mon parti frôlait la moralité et c’est pour cela que nous avons rendu l’argent(…) Je n’ai jamais dit que le financement de cCnvergencia était sans tâche » commence Artur Mas. Il rajoute que « ceci étant dit, je réfute toute implication dans l’affaire des 3% ».
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Ensuite Artur Mas a fait un long réquisitoire contre le parquet. « Le procureur tente de démontrer que Convergencia se finançait illégalement en échange de marchés publics mais il refuse d’enquêter sur la concession des ouvrages car il sait que nous l’avons fait très bien (…) C’est comme avoir des gouttières et ne pas regarder le plafond » a ironisé l’ancien président.
Artur Mas peut-il défendre l’indépendance de la Catalogne à l’international?
Est arrivé le moment de la comparution où les portes-paroles des groupes parlementaires se sont adressés à Artur Mas. Le député de l’extrême-gauche séparatiste Benet Salellas s’inquiète qu’Artur Mas fasse des déplacements à l’étranger dans le but de soutenir le processus indépendantiste. « Vous salissez l’indépendantisme avec vos affaires de corruption, vous ne pouvez pas nous représenter à l’étranger » assène le parlementaire. A quoi Artur Mas a répondu qu’en « amalgamant corruption et indépendantisme, La Cup fait le jeu des partis qui sont contre l’indépendance ». L’ancien président a repris la théorie selon laquelle lui et son parti sont victimes d’un complot gouvernemental et médiatique de manière à le discréditer avec de fausses accusations dans des affaires de corruption.
Les partis Ciutadans, socialistes et la branche locale de Podemos, ont chargé à l’unisson contre Artur Mas et son parti qui ont « 35 mise en examens, 23 procès en cours et 15 sièges saisis par la justice ». Un des échanges les plus marquant fut entre Artur Mas et Alejandro Fernández, le porte-parole du groupe conservateur. Le député du Partido Popular a accusé Artur Mas d’être « le pire président de la Generalitat et d’avoir détruit 30 ans de vivre ensemble en Catalogne ». « Pour vous je suis Satan ! » rétorque Artur Mas. « Ne vous donnez pas cette ambition ! » a conclu dans un éclat de rire général Alejandro Fernández.
Cette comparution n’aura aucune suite officielle, elle servait simplement à tenir informés les parlementaires catalans.