Pour le chef de l’Eurogroupe, les Pays du Sud de l’Europe « dépensent leur argent en schnaps et en femmes »

Le social-démocrate Jeroen Dijsselbloem, chef de l’Eurogroupe et ministre néerlandais des Finances, a refusé de s’excuser hier suite à des propos controversés sur les pays du Sud de l’Europe tenus la veille dans un quotidien allemand. 

Dans une interview publiée lundi dans le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, Jeroen Dijsselbloem avait affirmé: « dans la crise de l’euro, les pays du nord de la zone euro se sont montrés solidaires des pays en crise […], pour moi qui suis social-démocrate, la solidarité est extrêmement importante. Mais celui qui la réclame a aussi des devoirs. Je ne peux pas dépenser tout mon argent pour le schnaps et les femmes et ensuite réclamer de l’aide ». Des déclarations mêlant stéréotypes, préjugés, mépris et sexisme qui n’ont pas tardé à faire polémique, mais que le responsable politique ne renie en rien. « Cette remarque visait à être totalement clair sur ce que la solidarité signifie pour moi » a-t-il expliqué hier, refusant de présenter ses excuses.

« Déclaration raciste et machiste »

« Ces propos sont regrettables […] peut-être est-ce drôle pour vous, mais moi je ne pense pas que ça le soit »  lui a lancé hier l’eurodéputé écologiste espagnol Ernest Urtasun. « Djisselloem a offensé les pays du sud et les femmes avec sa déclaration raciste et machiste, il doit s’excuser ou démissionner, il n’est plus neutre » a déclaré le chef de file du PP Esteban Gonzalez Pons. Les critiques fusent aussi du côté de son propre camp politique. Le chef du groupe socialistes et démocrates au Parlement européen, l’Italien Gianni Pitella, a jugé ces déclarations « honteuses », « choquantes » et « discriminatoires à l’égard des pays du sud de l’Europe », ajoutant : « je me demande vraiment comment une personne avec de telles convictions peut encore être considérée comme apte à être président de l’Eurogroupe ».

Le ministre des Affaires étrangères portugais Augusto Santos Vila et l’ancien Premier ministre italien Matteo Renzi ont réclamé la démission de Jeroen Dijsselbloem. Le ministre de l’Economie espagnol Luis de Guidos a pour sa part qualifié ces déclarations de « malheureuses », ajoutant qu’il était « certain que Dijsselbloem lui-même regrettait ses propos ».  Enfin l’eurodéputé catalan Ramon Tremosa (PDeCAT) a profité de la polémique pour placer sa petite phrase : « si vous voulez critiquer l’Espagne, vous n’avez pas besoin de parler d’alcool et de femmes, vous avez les TGV sans voyageurs qui ne vont nulle part, les aéroports et les autoroutes vides! ».

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