Les dimanches 23 avril et 7 mai, les Français de Barcelone seront appelés aux urnes pour désigner leur prochain président de la République. Parmi eux, certains ont choisi de donner leur voix au candidat de la France insoumise : Jean-Luc Mélenchon. Equinox est allé à leur rencontre.
La stratégie du candidat d’extrême gauche est bien différente de ses adversaires : contourner les médias traditionnels et s’organiser hors parti. Jean-Luc Mélenchon, qui ne comptera pas cette fois-ci sur le soutien du parti communiste, a annoncé ses 500 signatures le menant à la magistrature suprême. En novembre dernier, il avait dévoilé les mesures phares du programme de son mouvement lors d’une conférence.
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La France insoumise en 10 mesures
La principale préoccupation des partisans de Jean-Luc Mélenchon est le refus du Tafta, ils souhaitent l’arrêt des négociations avec les Etats-Unis et n’acceptent pas celui établi avec le Canada (le Ceta). Les militants de La France insoumise veulent également retirer la loi El Khomri. Le candidat avait déclaré cet été «avec la loi El Khomri, les ultrariches vont nous prendre 1,45 euro par heure supplémentaire travaillée». L’écologie est très importante au sein du programme, Mélenchon veut instaurer une « règle verte » qui consiste à marquer une rupture avec la règle d’or budgétaire en partant du principe de ne pas épuiser les ressources naturelles. Il veut également sortir du nucléaire et investir 50 milliards d’euros pour faire face à «l’urgence écologique», dont 25 seront consacrés aux énergies renouvelables. Le candidat place la «protection des biens communs», tels que l’eau, l’air, le vivant ou encore la monnaie au cœur de son programme. Jean-Luc Mélenchon souhaite redonner de la parole au citoyen avec une «refondation démocratique» des traités européens. Pour finir, Jean-Luc Mélenchon veut relancer le pouvoir d’achat en fixant le SMIC mensuel à 1 300 euros nets, contre 1 143,72 euros aujourd’hui.
Equinox s’est intéressé aux Français de Barcelone qui voteront pour Jean-Luc Mélenchon aux prochaines élections.
« Pour renouveler la politique française »
Installé à Barcelone depuis un an et demi, Luc a lancé sa start-up avec son frère et des amis au sein de la capitale catalane. À 25 ans, le jeune-homme est déçu par la gauche, « son incompétence à faire changer les choses », et croit en l’extrême-gauche. Pourquoi avoir choisi le programme de Mélenchon ? « Pour son combat contre le capitalisme violent, son projet social et son redressement du pays avec un fort investissement au départ ». Luc partage aussi son point de vue sur l’écologie et « tout ce qui est du côté de la constitution, comme abroger la 5ème république car il est temps de donner plus de pouvoir au peuple ! » . Cependant, il est conscient que si Mélenchon était élu, cela ne changerait pas son quotidien. Mais qui sait ? Si il y a un réel changement au sein de la société française, Luc retournera peut-être vivre dans son pays d’origine.
« Pour s’opposer aux dérives du système politique actuel »
Nathalie est à la tête d’une structure touristique (hôtel et restaurant) depuis 11 ans. À l’âge de 50 ans, elle votera pour Jean-Luc Mélenchon. « Je n’ai aucun passé politique, je suis juste révoltée par les dérives actuelles de la société française et profondément attristée par la montée de la haine et de l’individualisme ». D’après elle, les points forts du programme de la France insoumise sont la transition écologique, la santé, l’enseignement, la fiscalité des français à l’étranger et la 6ème république. Cette chef d’entreprise le sait, si l’extrême-gauche passe « ça ne changerait pas grand chose pour moi mais cela changerait beaucoup de choses pour l’avenir de nos enfants et l’humanité » . C’est à ses yeux le seul candidat à la présidentielle qui présente « un modèle plus humaniste et qui préserve notre planète ».
« C’est la meilleure alternative face aux autres candidats »
Hélène, professeure de lycée, aimait auparavant la porte-parole du mouvement trotskiste Lutte ouvrière, Arlette Laguiller. À l’âge de 42 ans, elle est maintenant sympathisante de Jean-Luc Mélenchon pour, entre autres, son idée de la conquête de l’espace et des mers. En effet, le candidat a pour ambition d’investir la mer pour réaliser la transition écologique et appelle de ses vœux une conquête approfondie de l’espace, notamment l’appropriation de l’espace extra-terrestre. Elle voit le candidat de l’extrême-gauche comme la meilleure alternative face à un Macron « trop à droite », un Fillon « menteur et voleur » et une Le Pen « dangereuse pour la France et qui mènerait à une fin de l’Europe ».
Quelles mesures pour les Français de l’étranger ?
Pour les Français de l’étranger, le thème récurent de la campagne présidentielle est essentiellement la fiscalité. Jean-Luc Mélenchon a annoncé en janvier dernier que la création d’un «impôt universel» faisait parti de son programme La France insoumise. Les Français de l’étranger devront déclarer au fisc les impôts de leur pays d’accueil et le cas échéant verser un complément à la France. Il ne s’agit pas de créer un double impôt, mais de récupérer la part dont « l’exilé fiscal » ne s’est pas acquitté dans son pays d’accueil, mais qu’il aurait eu à payer s’il était resté en France. J-L Mélenchon a affirmé : « Vous êtes Français ? Vous payez vos impôts où que vous soyez sur la planète ! Dans le pays où vous êtes, vous payez ce que vous devez au pays, c’est bien normal, et puis vous le dites au fisc français. Et le fisc dit : ‘Ah bah ça tombe bien, vous ne nous devez rien’. Ou alors il dit : ‘Ah bah si vous habitiez en France, vous devriez payer plus, donc vous payez plus. »
Ce système est déjà appliqué aux Etats-Unis depuis 1963, et depuis deux ans les banques étrangères se doivent même de déclarer les biens des expatriés américains. Certains Américains abandonnent leur nationalité d’origine pour ne pas payer l’impôt dans leur pays d’origine. Les Français bi-nationaux pourraient eux aussi être tentés de le faire si J-L Mélenchon était élu président. Luc, lui, trouve ce système tout à fait normal : « J’ai des droits en étant français sans y vivre alors pourquoi n’aurais-je pas de devoirs ? » Quant à Nathalie, c’est pour elle « une nouvelle forme d’imposition qui permet de desserrer l’étau sur les classes moyennes et d’éviter que de riches contribuables se domicilient à Barcelone pour échapper aux impôts ».
En 2012 en Espagne, 64 214 électeurs français se sont inscrits sur les listes électorales des quatre Consulats généraux : Madrid, Barcelone, Séville et Bilbao et ont pu voter dans 45 bureaux répartis sur l’ensemble du territoire, avec un taux de participation de 33 % et 11.9 % des Français avaient voté pour Jean-Luc Mélenchon.