Le mercredi 8 mars avait lieu la journée de la femme. A Barcelone, tout était prévu pour lui rendre hommage. C’est donc naturellement que le Musée d’Histoire de la Catalogne a dédié une exposition à la gente féminine, intitulée « Les femmes : fictions et réalités », à voir jusqu’au 28 mai.
Une exposition réservée à l’évolution des droits des femmes, il n’en fallait pas plus pour réveiller la féministe qui sommeille en moi. Je me suis donc rendue dans l’un des plus grands musées de Barcelone, pour aller voir ce qu’il en était. A peine arrivée, je constate que les thèmes abordés seront loin des clichés habituels puisque la première partie est consacrée à un pan oublié de l’histoire des années 60 : le travail des femmes.
Un travail gardé secret
Dans les années 60, la contribution des femmes dans les entreprises est une des réalités la moins documentée. Leur travail est essentiellement représenté par celui effectué à la maison. Vous l’aurez compris : les tâches domestiques. Les publicités ne sont absolument pas en accord avec la réalité puisqu’elles les mettent en scène uniquement en train de faire la cuisine ou le ménage. Je sens que ça va me plaire.
La place de la gente féminine dans les industries est bien réelle, mais si l’on s’en tient à la presse, elle est inexistante. De quoi me faire bondir. Par le biais des journaux et des films qui sont sortis bien après, la présence des femmes dans le monde du travail a pu être reconnue. Cette exposition ne met pas uniquement en lumière ce pan volontairement oublié. Elle permet également de mettre en exergue l’impact négatif du Franquisme sur la condition des femmes.
Le Franquisme ou la censure des ambitions
Invisible. C’est le terme qui désigne la femme dans les premières années du franquisme. Encore une fois, j’apprends que cette partie là de l’histoire est extrêmement peu documentée. Période durant laquelle nombreuses d’entre elles ont été contraintes à l’exil ou fusillées. A cette période, certaines femmes ne seront pas obligées de rester dans l’ombre. Il s’agit des actrices et des chanteuses. Mais la publicité associe incessamment les images féminines à des objets fétichistes et exhibitionnistes. L’idée c’est de conserver ces êtres humains cloitrés chez elles. Dans les films, on ne voit pas de femmes ambitieuses ou haut placées. Seulement des mères et des épouses soumises.
La censure des ambitions ce n’est pas tant dire: « tu ne dois pas travailler dans une entreprise ». C’est plutôt et surtout dire : « tu serais mieux à la maison ». Tâches ménagères, vie de famille et surtout excellente épouse, la femme doit assurer sur tous les fronts. Les années franquistes sont également l’occasion de voir émerger l’éducation sentimentale.
L’éducation sentimentale ou le fardeau des femmes
Frappe-moi si tu m’aimes. A une époque de l’histoire où les seules femmes mises en avant sont des actrices, vous imaginez bien que les scénarios ne sont pas à la hauteur de ce qu’ils devraient être. Pire encore, ils vont ancrer dans l’esprit de l’Homme, une vision défigurée de l’amour. L’idée est simple. Plus l’amour est passionnel, plus l’homme frappe sa femme.
Et c’est comme ça que nous voyons apparaître une femme soumise, malheureuse mais enviée par tellement de femmes devant leurs écrans. S’il n’y avait que ça. C’est aussi et surtout la banalisation totale de la violence conjugale.
Vous l’aurez compris, cette exposition a bel et bien réveillé la féministe qui est en moi. Et je crois que le plus paradoxal dans tout ça, c’est que le but est de retracer l’évolution de ces femmes qui pendant des années ont lutté pour leurs droits. Elles sont allées dans les rues espagnoles pour exiger qu’elles puissent sortir, de jour comme de nuit, sans être humiliées, sans avoir peur d’être violées. Elles ont réclamé un lieu de travail digne et de pouvoir disposer librement de leurs corps. Cela vous rappelle quelque chose ? C’est normal, la semaine dernière, les femmes étaient dans les rues pour réclamer exactement les mêmes choses.
Informations pratiques
Dates : du 3 mars au 28 mai 2017
Horaires : Du mardi au samedi, de 10h à 19h / Dimanches et jours fériés, de 10h à 14h30
Plus d’informations, en cliquant ici
Entrée gratuite
Adresse : Musée d’Histoire de Catalogne, Palau de Mar, Plaça de Pau Vila, 3, 08003 Barcelona