La chef de l’opposition au parlement catalan, Ines Arrimadas du parti Ciutadans, réitère, dans une interview exclusive pour Equinox son refus total de l’indépendance de la Catalogne. Ines Arrimadas est certaine qu’il sera impossible pour le gouvernement de Catalogne d’organiser un référendum et compare les indépendantistes à Marine Le Pen ou encore Donald Trump.
Photos : AE/Equinox
Ecouter l’interview intégrale d’Ines Arrimadas sur Equinox Radio
Effervescence au parlement catalan. Les députés sont tous réunis pour les débats de la séance plénière. C’est le jour qu’a choisi Ines Arrimadas pour nous accorder une interview dans son bureau de chef de l’opposition. Arrimadas, Andalouse de 35 ans qui vit depuis 6 ans en Catalogne, a appris le catalan pendant ses études. La députée parle aussi le français, car elle a suivi une partie de ses études à Nice. Elle nous confie avant l’interview qu’elle aimerait répondre à au moins une question en français mais que la délicatesse et les nuances des thèmes qui seront abordés pendant l’entretien lui conviendraient mieux dans sa langue maternelle.
L’ancienne avocate répond donc à une question sur Emmanuel Macron en français. Son parti Ciutadans soutient officiellement l’ancien ministre de François Hollande dans sa course à la présidentielle. « Le seul rempart contre le populisme et le nationalisme » estime-t-elle. Quand on lui fait remarquer que certains commentateurs voient en Emmanuel Macron une bulle médiatique, comme ce fut le cas pour Albert Rivera le leader de Ciutadans lors des élections espagnoles, Ines Arrimadas ne se démonte pas et lâche un « nous n’étions pas une bulle, la preuve car nous avons une belle équipe qui propose une alternative crédible de gouvernement ».
Les indépendantistes semblent avoir gagné la bataille de la rue, des idées, de la culture et réussissent à avoir une image positive, tandis que le camp anti-indépendance peine à mobiliser ses supporters dans des manifestations et se retrouve avec une image négatif du « non à tout ». « Vous avez une interprétation subjective » rétorque avec une certaine autorité la chef de l’opposition, les gens manifestent pour contourner la loi, forcément quand on veut rester catalan, espagnol et européen on ne va pas sortir tous les matins dans la rue pour le dire (…) » Pour l’image « du non à tout » Arrimadas argumente qu’elle représente au contraire le « oui à tout : à l’Europe, oui à l’Espagne, oui à la solidarité entre les régions espagnoles ».
Les frontières catalanes et le 21e siècle
Fidèle au discours démocrate-chrétien traditionnel, Ines Arrimadas devient très véhémente pour défendre l’appartenance de la Catalogne à l’Espagne et à l’Europe. Elle renvoie le programme « nationaliste indépendantiste » au 19e siècle et le juge contraire à valeurs modernes du 21e siècle.
Dans une diatribe virulente, Ines Arrimadas place sur le même plan l’indépendantisme catalan, Marine Le Pen, Donald Trump et le Brexit. La chef de l’opposition adment que les indépendantistes catalans ne tiennent ni un discours anti-européen ni xénophobe mais estime que « les fondamentaux sont les mêmes » et que le débat se situe entre « société ouverte versus société fermée ».
Ecouter I. Arrimadas qui compare les indépendantistes catalans à M. Le Pen :
Nous demandons à Ines Arrimadas comment faire tomber la pression sociale en Catalogne et quel message adresser aux 40 ou 50% de Catalans qui veulent l’indépendance. Pour elle, tous les Catalans doivent être traités de la même manière, qu’ils soient indépendantistes ou non. Elle propose d’améliorer « les services, infrastructures en Catalogne, des propositions moins utopiques que celles de la baguette magique des indépendantistes. »
Pour elle, un référendum diviserait encore plus la société catalane car il sortirait la région de l’Europe. Un argument qu’Inès Arrimadas répétera tout au long de l’interview. Elle ne croit toutefois pas à la célébration d’un tel référendum, reprenant la célèbre formule du président catalan Puigdemont « référendum ou référendum », Arrimadas répond « 9 novembre ou 9 novembre », en référence à la consultation indépendantiste du 9 novembre 2014 qui n’avait eu aucune répercussion politique directe.
Ecouter I. Arrimadas qui affirme que le référendum n’aura pas lieu :
Ines Arrimadas, qui attend la tenue prochaine d’élections autonome, ne souhaite ni mettre d’amendes aux partis indépendantiste, ni appliquer la suspension de l’autonomie catalane. Ines Arrimadas affirme que si elle devient présidente de la Catalogne, elle donnera une nouvelle image à l’international en général et en France en particulier. Un visage catalan tourné vers l’ouverture européenne, d’innovation, de solvabilité judiciaire et légalité juridique. La chef de l’opposition garantit que si elle donne une interview à Equinox dans 5 ans, la Catalogne ne sera toujours pas indépendante.