Santi Vidal, sénateur indépendantiste catalan du parti gouvernemental ERC, a déclenché une véritable tempête politique en faisant d’étonnantes révélations. Gouvernement catalan en possession des données fiscales des contribuables, relations avec des services secrets étrangers, liste de juges favorables au processus indépendantiste. Ses nombreuses affirmations ouvrent une enquête judiciaire et sont démenties par le gouvernement catalan.
Santi Vidal, ancien juge, figure morale du mouvement indépendantiste et sénateur du parti de gauche Esquerra (ERC), a fait des révélations surprenantes sur le gouvernement catalan durant un cycle de conférences organisé par son parti. Ces déclarations ont provoqué un véritable tremblement de terre politique. L’ancien magistrat affirme que le gouvernement de Catalogne serait en possession de données fiscales des Catalans « illégalement ». Il a déclaré sans aucune gêne que « le gouvernement a toutes les données fiscales. Ceci est légal? Non, ceci est protégé par la Loi de Protection des bases de données du gouvernement espagnol. Mais nous ne sommes pas stupides ».
Il affirme aussi que certaines mesures du gouvernement catalan pour l’indépendance sont illégales et que « 400 millions d’euros » du budget du gouvernement catalan seraient « cachés » pour être destinés à la célébration d’un référendum et à la création de structures d’Etat. Santi Vidal explique que cette somme n’apparaît officiellement pas dans le budget afin de ne pas être bloquée par le gouvernement espagnol, le référendum n’étant pas autorisé, un financement ne peut y être alloué. Nos confrères du journal El País ont pris le soin de révéler ces diverses déclarations plutôt étonnantes. Elles ont toutes été énoncées durant des conférences tenues depuis le 24 novembre 2016 dans les communes de Granollers, Matadepera, Barcelona, Navàs et Garcia.
« Des 801 juges espagnols en Catalogne, nous savons parfaitement lesquels partagent nos rêves et idéaux », a affirmé par ailleurs Santi Vidal, laissant sous-entendre que le gouvernement aurait enquêté sur l’opinion de chaque magistrat sur la question de l’indépendance. Plus surprenant encore, il soutient que « 11 Etats européens reconnaîtront la Catalogne au lendemain du référendum ». On apprend également qu’un « Etat non européen serait en train de former une unité de la police catalane contre le terrorisme et en contre espionnage » (certains experts évoquent Israël) et qu’il existe un pré-accord encore la Generalitat et l’OTAN pour que la Catalogne indépendante se maintienne dans l’OTAN.
Ouverture d’une procédure judiciaire
Après la publication de ces affirmations, les réactions ne se sont pas faites attendre. L’ensemble du gouvernement catalan, le président Carles Puigdemont en tête, rappelle que « personne ne peut parler au nom de l’exécutif » et que les propos de Santi Vidal n’engagent « que lui-même ». Une position reprise par l’ensemble de la classe politique indépendantiste catalane. Le ministre de l’Économie espagnol, le conservateur Luis De Guindos, rappelle que la position de l’Union Européenne « est très claire » et qu’un nouvel Etat indépendant resterait automatiquement en dehors de l’UE.
Qui pot explicar el que fa el Govern són els seus mebres.I quan s’expressen amb la claredat de @neusmunte refermen el compromís de fer-ho bé
— Carles Puigdemont (@KRLS) 27 janvier 2017
Sur la possession des données fiscales, le secrétaire catalan à la fiscalité Lluís Salvadó a assuré au journal Ara que cette affirmation était « totalement fausse ». Le porte-parole d’ERC, Sergi Sabrià, s’est exprimé via les réseaux sociaux en affirmant que « le gouvernement est scrupuleusement légal et absolument transparent ». Quant à la vice-présidente Neus Munté, elle a démenti « catégoriquement » ces propos.
En milieu de matinée, le parquet espagnol a demandé une enquête sur les déclarations de Santi Vidal au motif qu’« elles supposent une grave atteinte aux droits des citoyens » a expliqué le ministère public dans un communiqué. Le sénateur, qui ne peut plus exercer sa fonction de juge depuis 3 ans pour avoir participé à la rédaction du projet de Constitution du futur état catalan, a finalement annoncé sa démission en fin de matinée, pour « ne pas être un obstacle pour le processus ».