Aides sociales : l’Espagne en retard sur la France

Hier soir sur TF1 et LCI, lors du débat des primaires socialistes, était soulevée entre les candidats une des mesures phares de cette campagne : le revenu universel. Une aide sociale qui serait versée à tous les Français. Si la France multiplie les initiatives de solidarité financière, l’Espagne accuse un lourd retard en la matière. 

Le revenu universel, c’est une proposition choc de ces primaires socialistes. Benoit Hamon, de l’aile gauche du parti, est à l’origine de l’emballement médiatique autour de ce concept qui permettrait à l’ensemble des citoyens français de percevoir un revenu financier. En échange toutes les allocations sociales actuelles seraient fusionnées. Une mesure, qui en l’état, parait infinançable, mais l’État français a toujours réussi à faire preuve d’une imagination surprenante pour créer de nombreuses allocations sociales avec le revers de la médaille grimaçant de la pression fiscale. D’un extrême à l’autre, l’Espagne, elle reste frileuse aux aides sociales.

Les aides au chômage

Comme en France pour percevoir des allocations chômage, en Espagne il faut avoir cotisé. Au minimum un an de travail est nécessaire pour percevoir 4 mois d’allocations chômage. Des conditions moins souples qu’en France ou il suffit de travailler 122 jours pour se voir attribuer l’ouverture de ses droits. En revanche la durée maximum d’indemnisation est la même dans les deux pays: elle ne peut excéder les deux ans.

En Espagne, le montant d’indemnisation varie en fonction de la « base régulatrice », c’est-à-dire les bases moyennes que le travailleur a cotisé durant ses six derniers mois de travail. Durant les six premiers mois, le travailleur touchera 70% de cette base, puis à partir du 7e mois ça sera 50%. Sans enfant, l’indemnisation maximale est de 1.087,20 euros.

En France le salaire journalier de référence sert de base de calcul au montant de l’allocation de retour à l’emploi. Plus il est élevé et plus le montant des indemnités sera conséquent (plafond à 6200€).

Pour les chômeurs en fin de droit, une aide espagnole appelée « subsidio » peut, sous certaines conditions, être accordée. Elle est d’un montant de 426 euros, limitée dans le temps à six ou dix-huit mois. Le célèbre RSA français octroyé à vie, à partir de 25 ans, accompagné de réductions sur les factures d’énergies et d’Internet ne trouve aucune équivalence en Espagne.

Les aides au logement

C’est certainement dans ce domaine que la différence entre la France et l’Espagne est abyssale. Non seulement il n’existe aucune aide au logement en Espagne comme les APL, mais le parc de logement social est l’un des plus bas d’Europe avec seulement 3% de logements de type HLM contre 17% en France, selon une étude de 2007. Pareil pour les étudiants, le concept de résidence universitaire espagnole n’existe pas sous la forme française, bien que les étudiants sous certaines conditions peuvent percevoir des bourses, à demander via le site du Ministère de l’Education, de la Culture et du Sport.

Toutefois, la mairie de Barcelone propose des aides au logement pour les personnes ayant de faibles revenus. Pour y avoir droit, il faut remplir les conditions ici.

Par ailleurs, la législation espagnole est très souple pour expulser les locataires de logement qui rencontrent des difficultés de paiement. Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a fait voter en 2013 la loi appelée « expulsion express ». Il suffit d’un seul mois de loyer impayé pour déclencher une mesure d’expulsion locative, sans même passer devant un juge, rendant ainsi impossible toute négociation de type échéancier comme c’est de tradition en France. Il n’existe pas non plus de trêve hivernale interrompant les expulsions en hiver.

Concernant, les mesures pour empêcher les coupures d’eau, de courant et de gaz en plein hiver en cas de difficultés de paiement, le Conseil des Ministres a approuvé un décret de la loi du Secteur Electrique en décembre dernier. Il prévoit d’empêcher de couper l’électricité aux personnes les plus vulnérables. Actuellement, la loi 24/2015 de pauvreté énergétique oblige les compagnies à prévenir les services sociaux d’une future coupure et aux « administrations publiques de garantir le droit d’accès à l’eau potable, le gaz et l’électricité aux personnes en risque d’exclusion résidentielle’.

Il existe aussi le « bono social » de la loi 24/2013 qui permet aux personnes les plus vulnérables de bénéficier d’une réduction de 25% sur leur facture d’électricité.

Les aides familiales

Si le concept d’allocation familiale mensuelle n’existe pas en Espagne, pas plus que de dispositifs d’allocation de rentrée scolaire, quelques mesures basiques ont quand même été mises en place.

Existe une aide à la naissance qui varie en fonction du nombre d’enfants. Les conditions sont disponibles sur le site du Ministère de l’Emploi et la Sécurité Sociale ici. Les familles nombreuses bénéficient de réduction dans les transports, l’accès à la culture et sur les factures énergétiques. Les situations les plus extrêmes comme les handicaps ou le veuvage ouvrent également des droits.

Solidarité nationale étendue avec pression fiscale maximale, ou société libérale, la France et l’Espagne ont clairement, chacune à leur manière, fait leur choix.

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