Les joueurs français du Barça Cédric Sorhaindo, Timothey N’Guessan et Dika Mem rêvent de remporter le Mondial de Handball qui commence mercredi en France. Les Experts font partie des favoris au titre.
Photo : Juan Lazaro
Cédric Sorhaindo, Timothey N’Guessan et Dika Mem ont accordé une interview exclusive à Equinox avant de préparer le Mondial de hand en France avec les Experts. Les trois Français y parlent de leur attachement au maillot bleu, de la médaille d’or, de ce qu’ils aiment à Barcelone… Le tout entre sérieux et très bonne humeur.
Que représente pour vous le Mondial en France?
Cédric Sorhaindo : Ça représente énormément de choses. Seize ans après, on a le championnat du monde à la maison. Pour moi c’est spécial parce que j’étais en haut des tribunes de Bercy en 2001 lors de la finale, et seize ans après je serai peut-être sur le terrain. Dans la carrière d’un sportif, c’est bien d’avoir une compétition chez soi, pour pouvoir être au plus près de nos supporters.
Timothey N’Guessan : Je n’étais pas dans les tribunes mais j’ai des images comme celle de Jackson Richardson qui marque d’un tir à la hanche à Albertville (qui permet à la France d’arracher les prolongations en quart de finale NDLR). Après c’est incroyable de jouer à la maison, les supporters sont avec nous. J’ai hâte d’y être !
Dika Mem : Pour moi c’est un événement en soi si je peux faire le Mondial parce que ce serait ma première compétition (Dika a été appelé au début du Mondial pour suppléer Luka Karabatic). Comme Tchouf (surnom de Cédric Sorhaindo) l’a dit, c’est l’occasion de se rapprocher des supporters. Déjà c’est énorme quand on joue à la maison lors des gros matchs, alors je me dis qu’une compétition avec le maillot de l’équipe de France chez nous, avec tout notre public, ça peut être quelque chose de grand.
On vous parle souvent de ce Mondial 2001 organisé et remporté par la France?
C.S. : Pas forcément. L’équipe de France a un parcours linéaire depuis les Barjots (dans les années 90). Il y a une continuité, une transmission de valeurs dans la compétition et dans l’effort. En tout cas ce sera quelque chose de merveilleux pour ceux qui faisaient déjà partie de cette équipe en 2001 comme Titi (Omeyer, le gardien), Toumoute (Daniel Narcisse) ou Didier (Dinart) qui sera sur le banc avec Guillaume Gille.
« Quand tu arrives en équipe de France, tu te rends compte qu’il y a une Histoire »
Comment le handball français arrive-t-il à se maintenir au sommet depuis tant d’années ?
C.S. : Il y a eu des générations qui se sont harmonisées et des choses prises un peu de partout car de nombreux joueurs ont joué à l’étranger. Il y a aussi une continuité dans le fonctionnement de l’équipe. Les compétitions ne ressemblent pas, on n’a pas gagné avec les mêmes joueurs, mais l’état d’esprit de pousser toujours plus loin, de ne pas abandonner, de faire don de soi a toujours été là.
Dika, vous qui êtes arrivé en Bleu à l’automne 2016, vous l’avez ressenti cette transmission de valeurs lors de votre premier stage ?
D.M : C’est vrai que quand tu arrives dans l’équipe tu te rends compte qu’il y a une Histoire, qu’il y a des choses à faire et à respecter mais tu es mis à l’aise. Tout ce qu’a dit Cédric sur les valeurs tu le ressens à l’entrainement et en match.
Comment définiriez-vous en quelques mots ces valeurs ?
T N’G : On n’a rien d’écrit sur un tableau. C’est le travail tout au long des stages, la concentration et beaucoup de sacrifices.
« Les Experts ? Mais c’est Tchouf l’Expert ! »
Vous aimez le surnom des Experts ?
T N’G : C’est Tchouf l’Expert ! Je ne suis pas un Expert (Timothey a participé à sa première compétition aux J.O. de Rio 2016). C’est tout ce qu’ils ont vécu avant qui les rend Experts.
C.S. : On a nous donné ce nom mais on ne s’arrête pas à ça. On fait abstraction pour toujours avancer, toujours avoir une longueur d’avance. Ce sont des choses qui sont hors-groupe, en dehors de l’équipe de France.
C’est un surnom qu’on vous a donné comme on en a donné un aux Barjots ?
C.S. : Voilà c’est ça. Tu fais des choses et c’est attractif de donner des surnoms, c’est tout à fait normal. Mais s’arrêter là-dessus pour dire on aime ou on n’aime pas, ce n’est pas notre truc. Nous on est motivés pour gagner des titres. Quand on a la médaille on est contents une heure ou deux, et on pense déjà à la prochaine compétition. C’est ce qui fait la force de cette équipe de France. L’implication, la détermination et le sens du sacrifice. C’est aussi la transmission envers les plus jeunes. C’est l’héritage qu’on nous a donné et qu’on donne. C’est un partage, tout simplement.
Ce Mondial arrive à peine 6 mois après les J.O. C’est la fin d’un groupe ou vous préparez déjà les J.O. de 2020 ?
C.S. : La fin d’un groupe non, mais il faut injecter du sang neuf pour le renouveler. Pour l’instant on prépare chaque compétition les unes après les autres. Le problème actuellement ce n’est pas la fin d’une équipe mais quels joueurs vont mieux se protéger des blessures. C’est aussi pour ça qu’on fait venir des jeunes. Les saisons sont longues et commencent à peser.
« Ce qui me manque de la France ? L’émission 7 à 8 ! »
Ça fait quoi de représenter la France quand on habite à l’étranger ?
T. N’G. : La seule différence que j’ai vu lors du dernier stage c’était qu’on était entre Français. Je ne peux pas dire que j’étais plus content mais c’était différent. Après sur le terrain ça n’a pas changé. Je suis toujours heureux et fier, c’est quelque chose d’exceptionnel. C’est plus le fait de revenir en France qui change.
D.M. : Je suis d’accord avec Tim. C’est plus le fait de rentrer, de revoir les Français, de parler français qui change. Sur le terrain, ensuite, c’est la même chose.
Qu’est-ce qui vous manque le plus de la France ?
C.S. : Bonne question… parce que maintenant je suis sur le rythme espagnol, je vis comme un Espagnol (Sorhaindo est à Barcelone depuis 2010). Quand je rentre c’est bizarre d’arriver dans un endroit où tout le monde parle français alors qu’on est Français. En fait j’aime bien retourner de temps en temps en France. Prendre la voiture et en 1h45 on est à Perpignan. On voit marquer « frontière française ». C’est pas mal.
Lire aussi : Les lieux préférés à Barcelone des 4 nouveaux joueurs français du Barça
T. N’G. : Moi ce sont les émissions françaises qui me manquent. Comme 7 à 8 (rires!). Le dimanche j’avais l’habitude de la regarder (Cédric l’interrompt : tu peux venir chez moi la regarder!). Sérieusement les desserts français me manquent. La crème brûlée, la pâtisserie. Et puis la famille. Avant j’habitais Chambéry et c’était plus facile pour les voir à Paris et à Dieppe, Dieppe City Beach en Normandie (Cédric n’en peut plus de rire).
D.M. : Moi c’est la famille parce que c’est pas aussi facile de les voir qu’avant. Sinon les croissants. Je préfère largement les croissants français.
T. N’G. : Mais après il y a plein de bonnes choses ici !
C.S. : J’allais vous le dire ! N’oubliez pas que vous êtes en Espagne !
T. N’G. : Justement moi j’aime bien les tapas et le riz noir. Les gens aussi. Ici ils vivent, ils sortent beaucoup.
A l’inverse, qu’est-ce qui vous manque de Barcelone quand vous partez d’ici?
D.M. : Le soleil !
T. N’G. : Ah oui ! Le soleil et la plage.
Et vous Cédric ?
C.S. : Mon chez moi, parce que je suis dans ma bulle. C’est le cadre de vie, le soleil. C’est être à la maison parce qu’il y a de l’espace. Il y a Tim et Dika qui viennent, on se pose. Le rythme espagnol me manque aussi.
T. N’G. : C’est clair. En France on serait en train de manger (l’interview a été réalisé vers 12h30). Là on a le temps, tranquille, on va aller se faire soigner… On a pris nos petites habitudes.
« On veut la meilleure des médailles »
La France a organisé et gagné le Mondial en 2001. Est-ce que tout autre résultat qu’une médaille d’or en 2017 serait un échec ?
C.S. : (silence) Cela dépend de quel angle on le voit. En tant que compétiteur on veut la meilleure des médailles. Mais ensuite on sait qu’une compétition c’est long. En plus on joue à la maison donc il y aura de la pression. Je dirai donc que c’est plutôt l’image et l’état d’esprit qu’il faudra retenir. Il faudra qu’on soit forts. Et moi, seize ans après, j’ai l’occasion de faire quelque chose, d’écrire mon histoire à moi. Gagner le Mondial en France serait forcément merveilleux pour nous.
T. N’G. : C’est sûr que ce serait quelque chose de merveilleux une médaille d’or. En plus, si cela arrivait, ce serait la première pour moi. Ce serait quelque chose d’énorme. Après comme a dit Tchouf il y a beaucoup de travail, les blessures… On n’y est pas encore. On va voir.
D.M. : Je ne peux pas me permettre de dire que ce serait un échec si la France ne remporte pas de médaille d’or car je n’ai jamais fait de compétition avec cette équipe. Je suis sûr que l’équipe qui sera au Mondial fera tout pour être championne.