Le Parlement de Catalogne approuve le processus d’indépendance

Tremblement de terre politique : le parlement catalan a approuvé ce mercredi les conclusions de la commission de l’étude du processus constituant. L’institution catalane défie le tribunal constitutionnel espagnol en jetant les bases du futur État catalan.

Désobéissance. C’est le mot qui ressort aujourd’hui du vote du parlement de Catalogne. Dans les faits, la majorité absolue des groupes indépendantistes Junts Pel Si et de La Cup ont voté en faveur d’un document qui stipule que la “déconnexion” de la Catalogne prévoit un mécanisme unilatéral de l’exercice démocratique. En traduction, le parlement indépendantiste pourrait organiser un référendum sur la question de l’indépendance, qui, en cas de victoire, déclencherait l’indépendance d’une manière unilatérale, sans accord ni du gouvernement espagnol, ni de l’Europe et la communauté internationale.


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Le texte prévoit également qu’aucun juge ou tribunal ne pourra contrôler le processus d’indépendance. En d’autres termes, le parlement catalan se déclare seul responsable légal du processus indépendantiste et affirme sa volonté de désobéir aux lois et aux institutions espagnoles.

Forte tension au Parlement catalan

Ce vote de rébellion s’est déroulé dans une ambiance tendue. Les indépendantistes ont pu approuver leur texte en utilisant leur majorité absolue de 72 députés. L’opposition a cependant fait bloc contre la motion. La droite du Partido Popular et les centristes de Ciudadanos ont quitté l’hémicycle lors du vote jugeant le texte illégal. Les socialistes présents dans le parlement ont refusé de prendre part au scrutin et la gauche radicale de Podemos a voté contre. Lors des débats houleux entre indépendantistes et l’opposition, la présidente de l’institution Carme Forcadell a rappelé que le parlement était souverain.

La réponse de l’Espagne

Le gouvernement de droite de Mariano Rajoy exerce toujours ses fonctions par interim, n’ayant toujours pas trouvé de majorité au parlement espagnol depuis décembre dernier. Le chef du gouvernement a, tout de suite après le vote catalan, téléphoné aux principaux responsables politiques du pays : le socialiste Pedro Sánchez, le centriste Albert Rivera et le chef de Podemos Pablo Iglesias. Objectif : que l’Espagne apporte au réponse unifiée face au défi séparatiste catalan. Le gouvernement espagnol affirme que l’ordre sera garanti dans le pays, que l’exécutif ne « laissera rien passer » et qu’un recours devant le tribunal constitutionnel pour annuler la résolution catalane sera présenté dès vendredi.

Que va t-il se passer maintenant ?

De toute évidence, la résolution catalane va être annulée par le Tribunal constitutionnel, comme ce fut le cas pour la motion indépendantiste du 9 novembre dernier. La différence avec ce texte est que les indépendantistes affirment ne plus vouloir se soumettre aux tribunaux espagnols. Une marge de manœuvre très étroite pour le camp séparatiste, car la batterie de sanctions du pouvoir espagnol est quasiment sans limite : amendes, destitutions des députés ou d’autres responsables catalans, et même suspension de l’autonomie catalane.

La majorité indépendantiste reste très fragile et divisée. Le 28 septembre prochain, le président catalan va devoir recueillir les votes favorables de l’extrême gauche indépendantiste lors d’une motion de confiance à risque. La CUP veut toujours aller plus loin et plus vite que le gouvernement dans le processus d’indépendance, ce qui est une source permanente de conflits.

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