Les maires de Paris et Londres qui signent une tribune contre le Brexit. Barcelone et Madrid qui se déclarent villes refuges. Depuis quelques mois, certaines grandes villes européennes lancent leurs propres initiatives. Une véritable volonté de rupture des capitales avec leurs Etats.
Vendredi 24 juin au matin, le résultat du référendum sur le Brexit tombe : les Britanniques souhaitent quitter l’Union Européenne. Le camp du oui à la sortie l’a emporté à 51,9%. Suite à cette annonce, Anne Hidalgo et Sadiq Kahn, respectivement maires de Paris et Londres, ont publié une tribune commune le lundi 27 juin dans Le Parisien et le Financial Times. Avec pour titre “Ensemble, les villes façonneront leur avenir”, cette tribune exprime clairement la volonté de ces capitales européennes de se rapprocher afin de collaborer “malgré les résultats du référendum sur l’Union Européenne”. Une tribune qui n’est pas passée inaperçue dans la sphère médiatique puisqu’elle marque une rupture des capitales avec leur Etat. Elle met à l’honneur les villes-mondes et explique que les capitales “innovent et sont à la pointe de l’action internationale”.
Cette idée de tribune est née quelques jours avant l’annonce du Brexit. Le cabinet d’Anne Hildalgo à Paris souhaitait lancer une initiative pour montrer la solidarité entre les deux villes, quel que soit le résultat. Bientôt un réseau de capitales qui supplanteront les Etats? “Le monde des cités-Etats n’est pas pour demain” répond le géographe Laurent Chalard. Dans une tribune publiée sur Le Figaro Vox, il revient sur le décalage entre les grandes villes qui sont plutôt favorables à l’Europe et le reste du territoire où l’enthousiasme est moins important : “l’existence d’une fracture entre les grandes métropoles mondialisées et le reste de leur territoire national au sein de l’Europe occidentale (…) apparaît de plus en plus comme un phénomène incontestable, qui risque potentiellement de remettre en cause la cohésion interne des Etats-nations européens.”
Barcelone contre le gouvernement central
En Espagne, les grandes villes comme Madrid et Barcelone s’opposent également aux institutions de l’Etat et prennent les devants, notamment concernant les réfugiés, qu’elles s’engagent à accueillir. La maire de Barcelone Ada Colau avait exprimé son mécontentement en mars dernier face au gouvernement central : » il s’était engagé à accueillir 16.000 personnes, mais pour le moment seules 18 sont arrivées (…) Comme nous sommes très en retard nous offrons de l’aide ». Suite à cette annonce, la maire de Barcelone avait signé un accord avec le maire d’Athènes, Giorgos Kaminis. Le document stipulait que la capitale catalane s’engageait à accueillir au moins 100 réfugiés. Un accord purement symbolique puisqu’il doit être approuvé par les gouvernements espagnol et grec.
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Madrid et Barcelone ont tout de même été félicitées pour leurs initiatives au cours du mois de juin par la Haute Commission des Nations Unies pour les Droits de l’Homme. Les villes-mondes peuvent-elles devenir le fer de lance de l’Europe au cours des prochaines années? Si certains se disent sceptiques concernant un monde de cité-Etats, d’autres pensent que cette rupture pourrait se confirmer au cours des prochaines années. Pour le politologue catalan Marc Sanjaume, il est encore un peu tôt pour en mesurer les conséquences, même s’il reconnait que le sujet est de plus en plus présent et que “c’est une tendance croissante dans l’ensemble de l’Union européenne.”