Pedro Sanchez (socialiste), le candidat blessé

Le candidat socialiste Pedro Sanchez n’a pas pu accéder à la présidence de l’Espagne après les élections du 20 décembre dernier, victime du blocage de Podemos qui a refusé de voter pour lui.

Pedro Sanchez est un candidat blessé, meurtri par l’humiliation que lui a infligé Podemos en décembre dernier, refusant de voter pour lui et lui bloquant l’accès au pouvoir. Rappelons qu’en Espagne, les électeurs votent pour des députés, qui à leur tour vote pour le chef du gouvernement.

Pedro Sanchez est aussi blessé car il est affaibli par Podemos qui pourrait lors de ce nouveau scrutin, et grâce à son alliance avec les néo-communistes d’Izquierda Unida, dépasser les socialistes en nombre de sièges, pour la première fois dans l’histoire du pays. Très proche du PS français, le PSOE défend dans son programme un partage des richesses en faveur des plus défavorisés et une réforme progressiste de l’Etat.

Le parti socialiste espagnol propose, dans son programme, une réforme complète de l’Etat pour une union durable avec « confiance et sécurité ». Le PSOE a fait de l’éducation, l’économie et l’emploi, la fiscalité et « l’état social » ses préoccupations.

1. Réforme politique et lutte contre la corruption

Le PSOE entend  promouvoir la liberté d’expression et la transparence. Le parti propose de déroger à la Loi sur la Sécurité citoyenne et d’abroger une autre loi pour « le droit à la liberté d’expression et à la réunion pacifique ».

Le programme n’est pas non plus tendre avec les privilèges politiques. Le parti de Pedro Sànchez souhaite interdire les opérations avec les administrations détenant des paradis fiscaux.

Notre analyse : On est dans l’effet balancier classique gauche/droite, une loi votée par la majorité que l’opposition promet d’abroger

2. Aides à l’emploi et reforme fiscale

Dans une réforme très socialiste de l’emploi, la coalition du « changement » entend élaborer un nouveau Statut des travailleurs en augmentant notamment le SMIC à 1 000 euros – la progression se ferait le temps de deux législatures, prévient le texte. Il est aujourd’hui de 764€. Pour comparaison, Podemos propose un SMIC à 950 euros d’ici la fin de la législature. Le PSOE prévoit aussi la création d’une Agence Publique de l’Emploi pour mieux « coordonner les politiques actives de l’emploi », « garantir les droits sociaux les plus classiques », et « récupérer le sens original du Statut des travailleurs ». Dans le même temps, le parti socialiste veut établir trois types de contrats : à durée indéterminée, temporaire et un contrat de relais pour la formation, ainsi qu’augmenter les aides aux personnes « aux responsabilités familiales, qui ont plus de 45 ans, aux femmes victimes de violence de genre et de handicap » avec une durée maximum de 24 mois, sauf pour les plus de 52 ans qui en profiteront jusqu’à ce qu’ils trouvent un emploi, ou qu’ils partent à la retraite.

Une réforme fiscale de fond, c’est la volonté de Pedro Sànchez, avec comme but, l’augmentation de la charge tributaire aux grandes entreprises et aux personnes à grands patrimoines, sans toucher à l’impôt des classes moyennes, ou plus basses. Le parti évoque aussi la création d’une nouvelle taxe pour financer les pensions.

L’argent public sera aussi utilisé pour promouvoir l’innovation et la recherche et développement à hauteur de 2,5% du PIB en quatre ans. C’est moins que ce que promet Ciudadanos.

Notre analyse : Sans aller aussi loin que les socialistes français, le PSOE possède une fibre plus sociale que les conservateurs. Cependant et on l’a vu sous le gouvernement Zapatero qui sous pression de l’Union Européenne, et par manque de budget, a dû renoncer à ses mesures sociales pour appliquer des réformes proches de celles du parti conservateur.

4. « Etat social » : le nom d’une réforme progressiste

Progressiste, c’est le mot qui convient pour résumer la politique sociale du PSOE. Le parti entend revenir sur la loi de l’avortement pour permettre son accès aux mineures de 16 et 17 ans, sans le consentement de leurs parents. Pedro Sànchez s’engage aussi à sanctionner la sollicitation et le recours aux services des prostituées – aujourd’hui non pénalisés en Espagne. De même, il entend réviser les prestations pharmaceutiques et promulguer une loi pour une mort digne ainsi que pour l’accès aux soins palliatifs.

Le PSOE promet aussi de supprimer la prison à perpétuité et permettre la réévaluation d’une peine pour récupérer le « principe de justice universelle ».

En matière d’indépendance, le parti s’est toujours porté contre, aux côtés de Mariano Rajoy. Les socialistes prônent le respect de « la loi et la démocratie » ainsi que plus de « dialogue » de la part du chef du gouvernement. Ils défendent une image unie de l’Espagne : « Nous devons nous rassembler pour apporter confiance et sécurité » argumentait alors César Luena, secrétaire de l’organisation au PSOE.

Notre analyse : Globalement, le prochain gouvernement, quelle que soit sa couleur politique, sera confronté aux casse-têtes de la crise économique et du chômage. Les solutions miracles n’existant pas, comme toujours, le gouvernement sera tenté d’occuper l’agenda médiatique avec des sujets sociétaux comme l’avortement qui a également l’avantage de rassurer les bases militantes. Concernant le virage indépendantiste catalan, sauf suprise, le PSOE ne devrait rien proposer d’autre qu’une réforme a minima de la Constitution reconnaissant symboliquement la singularité de la Catalogne. Point majeur provocant une alliance compliquée avec Podemos qui souhaite imposer un référendum d’auto-détermination en Catalogne

 

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