Les Indignés reviennent timidement sur la Plaça de Catalunya, à Barcelone. Ils manifesteront dimanche 15 mai à 18h, cinq ans jour pour jour après la naissance du mouvement en Espagne.
Photos : L. Singla/Equinox
Depuis le 9 mai, les Barcelonais peuvent apercevoir quelques tentes installées sur la Plaça de Catalunya. Les Indignés sont de retour, là où tout avait commencé en 2011 dans la capitale catalane. Il y a 5 ans, plusieurs dizaines de milliers de personnes s’étaient regroupées à Madrid, sur la Puerta del Sol, pour montrer leur mécontentement face aux politiques actuelles et réclamer une démocratie participative. Le mouvement pacifique du 15 mai avait alors gagné plusieurs villes d’Espagne, dont Barcelone.
Dimanche prochain, le 15 mai à 18h, Nit Dempeus Barcelona organisera une grande manifestation sur la Plaça de Catalunya, à l’occasion du 5e anniversaire du 15M, mais aussi pour faire écho au mouvement Nuit Debout, qui a débuté il y a quelques semaines en France. Mari, 29 ans, occupe la place depuis le premier jour. Pour lui, il s’agit « d’accompagner le peuple français, même si ce ne sont pas tout à fait les mêmes revendications, nous voulons montrer que nous avons les mêmes problèmes au même rythme ». Depuis 5 ans, le contexte reste le même pour Mari, « les salaires sont toujours pareils, le prix des transports n’a pas baissé (…) toutes ces promesses non tenues nous invitent à sortir une fois de plus dans la rue ».
Déception et désillusion
Ces dernières années, le contexte politique a évolué en Espagne. La montée de nouveaux partis, comme Ciudadanos (centre) et surtout Podemos (gauche radicale), représentait un nouvel espoir. Mari explique que les gens se sont démobilisés et que les manifestations ont faibli, en attendant de voir les actions des nouvelles formations politiques. Aujourd’hui, la déception est réelle « Podemos ne respecte pas ses engagements. À la base, c’était pour faire des assemblées de rue, mais maintenant, on ne voit pas la différence avec les autres partis,Podemos ne s’adresse pas aux vrais gens ». Cristián, 31 ans, occupe lui aussi la place car « depuis 2011 la situation a empiré, l’espoir a laissé place à la désillusion et la peur » .
En avril 2015, Ada Colau, ancienne égérie du mouvement contre les expulsions immobilières et activiste de toutes les luttes, était élue maire de Barcelone. De nombreux citoyens attendaient alors beaucoup de leur nouvelle équipe municipale, composée de divers partis de gauche, dont Podemos. Mari considère que pour l’instant « il n’y a pas de gauche progressiste, les vendeurs ambulants continuent d’être persécutés, et il n’y a pas de véritable accueil des réfugiés. Ada Colau se sert des politiques internationales comme d’une excuse, mais en réalité, elle ne fait rien ».
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Le 26 juin prochain, alors que les Espagnols sont de nouveau appelés aux urnes faute d’accord de gouvernement, Cristián et Mari n’iront pas voter. « Je ne comprend pas ce qu’ils veulent démontrer, ils ont fait une première erreur et ils recommencent » explique Cristián,« faire une démocratie participative reste la meilleure solution ». Et Mari d’ajouter » tous les partis devraient prendre en compte les vrais gens, aucun ne nous écoute vraiment ».