Seulement quatre mois après un premier scrutin, l’Espagne va revoter le 26 juin pour élire les députés. Retour sur une crise politique inédite.
Faute d’accord entre les partis politiques, le roi Felipe VI a constaté hier qu’aucun candidat au poste de premier ministre n’était capable de dégager une majorité parmi les députés. La dissolution du Parlement sera effective le 3 mai, et les nouvelles élections auront lieu le 26 juin. Depuis les élections du 20 décembre dernier, l’Espagne n’a pas de gouvernement. Une crise inédite depuis le rétablissement de la démocratie en 1977.
• 20 décembre 2015 : une élection sans vainqueur
Lors du scrutin, la droite du Partido Popular (PP) au pouvoir depuis 2011 essuie une défaite relative, en passant de 44,6 % à 28,7 % des voix. Le Parlement se retrouve éclaté entre quatre partis. Le PP obtient seulement 123 sièges. Le Parti socialiste affiche le pire résultat de son histoire avec 90 députés. L’extrême gauche de Podemos fait une percée avec 65 sièges.Quand aux centristes de Ciudadanos, ils forment un groupe avec 40 députés. Les autres sièges sont occupés par des partis indépendants ou régionaux. Le parlement espagnol compte 350 députés et la majorité absolue nécessite 176 voix.
• 22 janvier 2016 : échec de Mariano Rajoy à former un gouvernement
Mariano Rajoy premier ministre sortant, renonce à former une coalition faute d’alliance avec d’autres partis. Le leader socialiste, Pedro Sánchez, refuse une grande coalition droite-gauche à l’allemande.
Pablo Iglesias, chef de Podemos, souhaite former un gouvernement avec les socialistes, qui refusent à cause du référendum indépendantiste en Catalogne soutenu par Podemos et ses alliés régionaux.
• 2 mars 2016: le roi charge le socialiste Pedro Sánchez de former un gouvernement
Le socialiste Pedro Sánchez doit trouver une majorité parlementaire pour devenir Premier ministre. Il tente sa chance devant le Parlement avec en main un accord des centristes Ciudadanos. Cela ne sera pas suffisant : la droite, Podemos et les indépendantistes catalans votent tous ensemble contre le socialiste.
• 26 avril 2016 : échec des négociations entre les socialistes et Podemos
Pablo Iglesias annonce que la formation d’un gouvernement avec les socialistes est impossible. La date butoire du 2 mai approche à grands pas. Le roi Felipe VI reçoit à nouveau les différents leaders politiques, constate l’inexistence de tout accord et met un terme aux négociations. Il ouvre ainsi la voie à de nouvelles élections législatives, qui auront lieu le dimanche 26 juin. En attendant, c’est Mariano Rajoy et le gouvernement de droite sortant qui assurent l’intérim. Une situation qui dure depuis novembre dernier et qui pourrait bien se prolonger jusqu’à l’automne prochain, rien ne semblant indiquer qu’un nouveau scrutin favorisera une rapide coalition.