Le mouvement, très populaire aux Etats-Unis à la fin des années 90, resurgit à Barcelone et gagne des adeptes parmi les jeunes, pour qui le SIDA n’est plus une maladie mortelle.
Le concept de la roulette sexuelle (qui s’inspire de la roulette russe) consiste à réunir un groupe de personnes dans un endroit convenu à l’avance pour participer à une orgie, sans aucune protection. Parmi ces invités, un porteur du VIH, que nul ne pourra identifier. Et c’est là où réside pour les participants tout l’intérêt de ce jeu sexuel : flirter avec le danger, rester toujours avec le doute. Certaines fêtes n’acceptent que des porteurs du virus, tandis que d’autres proposent des comprimés bleus censés prévenir la contraction du virus, des médicaments non prescrits en Espagne et donc achetés au marché noir.
Le phénomène, qui avait fait grand bruit outre-Atlantique il y a une vingtaine d’années, a ainsi ressurgi à Barcelone au sein d’une génération qui ne voit plus le VIH comme un virus mortel et estime que les rapports non protégés ne sont finalement pas si dangereux. Selon la radio Cadena Ser qui a révélé l’information, l’Hospital Clinic, hôpital de référence à Barcelone, accueille chaque jour des centaines de personnes venues se renseigner sur le virus et traite actuellement 4500 patients affectés. Ces « fêtes sexuelles » auraient également causé une forte augmentation des infections dues à l’hépatite C ainsi que la réapparition de maladies que l’on croyait éradiquées comme la syphilis, la chlamydia ou la gonorrhée.
Pour vous informer à Barcelone, téléphonez gratuitement au service information SIDA : 900 212 222 (8h-15h) ou prenez rendez-vous dans votre centre médical.
NOTE DE LA RÉDACTION DU 7/5/2016 :
Reprise par la presse internationale, l’information donnée par cet article le 18 avril dernier a été grossie par certains médias français, dont RTL, Kombini et autres, qui ont évoqué un phénomène massif et d’ampleur spectaculaire. A aucun moment, l’article d’Equinox n’évoque un phénomène de grande échelle. Il évoque simplement un « phénomène » dont la simple existence peut surprendre et même inquiéter.
Est-ce une fausse information?
En Espagne, cette information a également été reprise par de nombreux médias, sans que les autorités médicales ne démentent. Il convient toutefois de parler de la pratique du « chemsex » comme d’une pratique inquiétant le milieu médical, et non seulement de la roulette sexuelle qui n’en est qu’une composante encore anecdotique.
L’Hospital Clinic est un hôpital universitaire de renommée internationale (et accessoirement l’hôpital le plus important de Barcelone). Vous retrouverez ici les interviews de la radio Cadena Ser évoquées dans notre article plus haut : http://cadenaser.com/emisora/2016/04/18/radio_barcelona/1460966535_056448.html
L’agence EFE a également traité le sujet avec d’autres témoins (28/4/2016) : http://www.lavanguardia.com/vida/20160428/401428649956/expertos-explican-ruleta-rusa-del-vih-porque-jovenes-han-perdido-miedo-a-sida.html
Le quotidien catalan ARA avait quant à lui consacré un reportage au thème du « chemsex » (pratique mêlant usage de drogues et pratiques sexuelles incontrôlées) en décembre dernier (1/12/2015): http://www.ara.cat/societat/Chemsex-marato-drogues-practica-risc_0_1477652237.html
Dans ce dernier article, un coordinateur local de Stop Sida explique que l’association a mis en place un service psychologique pour les pratiquants du « chemsex ». Le président de l’association LGTB Afirma’t précise quant à lui que le chemsex est « pour l’instant une pratique encore marginale mais qui provoque des situations de vulnérabilité » et regrette « de ne pas avoir de moyens pour lutter contre [cette pratique] ». La roulette sexuelle reste anecdotique dans l’éventail des pratiques de chemsex, qui « désinhibe et conduit à des pratiques à risques » selon un psychologue de Stop Sida.