Nouvel épisode dans le bras de fer Madrid-Barcelone. Le Tribunal constitutionnel a accepté hier le recours du gouvernement espagnol contre la création du ministère catalan des Affaires étrangères et suspendu ses attributions. Les indépendantistes assurent qu’ils ne céderont pas.
Le ministère des Affaires étrangères est une nouveauté dans l’exécutif catalan. Il a été créé avec l’arrivée au pouvoir de Carles Puigdemont en janvier dernier et confié à Raul Romeva, ancien député européen et tête de liste de la coalition indépendantiste Junts Pel Sí aux dernières élections catalanes. Le gouvernement espagnol d’intérim, dirigé par Mariano Rajoy, avait alors rapidement déposé un recours au Tribunal constitutionnel à cause de la « dénomination et compétences [du dit ministère] qui vont au-delà des compétences attribuées par le statut d’autonomie [de la Catalogne] et par la Constitution », considérant par ailleurs que « la politique internationale relève de la compétence exclusive de l’État ». Le tribunal a donc admis ce recours mardi 17 février, ce qui, de fait, suspend les compétences du nouveau ministère catalan. Les juges ont désormais cinq mois pour statuer sur son sort définitif.
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Comme toujours, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le camp séparatiste. En première ligne, Carles Puigdemont. Le président catalan a répondu hier à la décision avec une certaine ironie : « merci, Tribunal Constitutionnel, c’est grâce à toi que tout a commencé », reprenant mot pour mot une célèbre déclaration du footballeur Gerard Piqué (qui faisait alors référence à la décision du même tribunal sur le statut d’autonomie de la Catalogne, laquelle avait largement alimenté la poussée de l’indépendantisme).
Le chef de l’exécutif catalan a expliqué ce matin sur la radio catalane RAC1 qu’il était décidé à ne pas changer le nom du ministère, « nous ne mettrons pas de tipex sur la carte de visite où est marqué Affaires étrangères » a-t-il ajouté. Le camp souverainiste fait bloc derrière son nouveau leader, appelant à la désobéissance. « Nous avons fait, nous faisons et nous continuerons de faire des actions à l’étranger, a assuré Raul Romeva, nous en avons la légitimité démocratique, l’obligation légale et une nécessité en tant que pays ». L’appui de partenaires étrangers a toujours été une priorité des indépendantistes qui tentent d’internationaliser le processus séparatiste mais peinent pour l’instant à trouver des soutiens diplomatiques.