La Rambla est un lieu incontournable de Barcelone, mais aujourd’hui les artistes et commerçants traditionnels se font de plus en plus rares. Le collectif des artistes de la Rambla vient de présenter un projet à la mairie pour tenter de lui redonner un peu d’âme et d’authenticité.
Véritable symbole de la capitale catalane, la Rambla a connu différentes époques et a subi de nombreux changements. Cette large promenade relie la statue du mirador Christophe Colomb à la plaça Catalunya. Le long de la Rambla se mêlent commerçants, artistes et touristes. Mais au cours de ces dernières années, beaucoup de stands authentiques ont disparu. Les vendeurs d’oiseaux représentent le premier exemple de ce changement. La mairie de Barcelone a définitivement interdit la vente d’animaux sur la Rambla en novembre 2013. Beaucoup d’associations de protection animale se disent satisfaites de cette décision, mais les emplacements n’ont pas été pour autant redistribués à d’autres artistes. Au contraire, ils ont été réduits afin de facilité la fluidité sur la Rambla, ou attribués à des marchands de glaces et de souvenirs.
Plusieurs associations d’artistes de la Rambla, regroupées en un seul collectif, ont donc présenté cette semaine à la mairie de Barcelone un « projet de réorganisation et auto-gestion de l’art et de la culture » dans la rue la plus fréquentée de la ville, afin d’éviter sa « disparition ». La proposition inclue la création d’un service municipal dédié, un nouveau mode d’attribution des licences nécessaires pour exercer sur la Rambla ou encore l’organisation d’activités pour les Barcelonais et notamment pour les enfants.
Manque de licences des statues vivantes
Luis Alberto Silva Almeida – ou El Vaquero – exerce depuis 19 ans le métier de statue vivante. Il a connu différentes époques de la Rambla. Lorsque les socialistes étaient à la mairie, les statues pouvaient exercer leur activité en toute tranquillité. La réglementation autorisait une statue tous les trente mètres, sur toute la Rambla, c’est-à-dire depuis Santa Mónica jusqu’à la plaça Catalunya. Mais en 2011, quand CiU arrive à la tête de la mairie, la réglementation des statues a radicalement changé. La mairie décide alors que les statues seraient relayées uniquement en bas de la Rambla. De plus, elle autorise une statue tous les trois mètres. Luis Alberto Silva Almeida explique que cela “crée trop de concurrence, les touristes sont trop sollicités (…) et les statues vivantes se disputent”.
Un autre problème se pose : celui des licences. Depuis 2012, la mairie de Barcelone ne distribue plus de licences pour les statues vivantes. Hors, à certaines heures sur la Rambla, on peut croiser seulement un ou deux artistes, un chiffre bien en-dessous des vingt-sept licences octroyées par la mairie. Luis Alberto explique que “certains artistes ne se sont pas présentés depuis quatre ans ; avant, si un artiste n’était pas venu pendant sept jours, on lui enlevait sa licence. À l’heure actuelle, la mairie n’effectue aucun contrôle, ils appellent seulement lorsqu’il faut payer les taxes”.
L’artiste est le secrétaire de l’association República de las Estatuas Humanas de la Rambla de Barcelona, qui a participé au projet présenté à la mairie et lutte actuellement pour retrouver des emplacements en haut de la Rambla ainsi que pour être reconnue “comme un patrimoine culturel immatériel”. Selon El Vaquero, ce titre permettrait de retrouver « l’essence de la Rambla« .
Absence de contrôle des peintres
Du côté des peintres, les avis sont divisés concernant la réglementation de la mairie de Barcelone. Kenneth travaille depuis 20 ans sur la Rambla. Il explique que depuis 2001 tout a changé : « Avant, la mairie appuyait les peintres (…) il y en avait jusqu’au mirador Christophe Colomb, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui ». Depuis la nouvelle réglementation, le nombre d’artistes sur la Rambla a considérablement baissé. De plus, comme pour les statues vivantes, certains peintres ne viennent pas travailler tous les jours : « Ces licences pourraient profiter à d’autres personnes qui ont besoin de travailler, il faudrait obliger les artistes à se présenter quotidiennement plutôt que de laisser des espaces libres ».
Un autre peintre témoigne et confie que la situation est difficile : « la réglementation nous autorise à seulement présenter vingt cadres sur notre stand (…) et nous payons beaucoup d’impôts. Mais je ne veux pas me plaindre nous ne sommes pas trop embêtés ». Kenneth ajoute qu’il faudrait « plus d’unité et de solidarité entre les artistes pour avoir des conditions de travail optimales ».