Comme Barcelone en 1992, Rio de Janeiro espère que ses Jeux Olympiques lui donneront un nouvel élan.
Après des années de travaux, Rio de Janeiro commence à entrevoir sa métamorphose. Sa zone portuaire, autrefois délaissée et enlaidie par la négligence des autorités, connaît une véritable renaissance grâce notamment au « Musée du futur » de l’architecte espagnol Santiago Calatrava récemment inauguré. L’aéroport international n’a plus son aspect provincial, les transports publics ont été complètement rénovés et la capacité hôtelière de la ville a été doublée. « Nous battrons Barcelone à plate couture », clamait l’année dernière Eduardo Paes, maire de Rio de Janeiro.
« L’exemple de Barcelone 1992 a influencé et continue d’influencer beaucoup les JO de Rio », confirmait à l’AFP Emilio Fernandez Pena, directeur du Centre d’études olympiques de l’Université Autonome de Barcelone. La capitale catalane avait consacré plus de 80% de son budget olympique à l’amélioration de ses infrastructures. Le nombre de touristes y a augmenté de 1,7 million en 1991 à près de 8 millions en 2015. Tous les Barcelonais s’accordent à identifier le virage touristique de la ville aux Jeux Olympiques de 1992.
Doit-on s’attendre au même tournant pour Rio? La ville brésilienne a investi 64% de son budget olympique (environ 10 milliards de dollars) à l’amélioration de la ville, donc beaucoup moins que la capitale catalane.
Des problèmes structurels profonds
Outre un réseau de métro et un aéroport rénovés, une zone portuaire redynamisée, le maire assure également que les installations sportives construites pour les JO ne deviendront pas des « éléphants blancs » comme certains stades coûteux et désormais inutilisés du Mondial 2014 de football. Les enceintes olympiques du quartier populaire de Deodoro devraient ainsi être converties en un grand parc public de loisirs et le stade de handball sera transformé en écoles publiques.
Mais contrairement à une Barcelone qui s’éveillait au sein d’une Espagne en plein essor, la ville brésilienne est embourbée dans une crise structurelle compliquée. Les Jeux Olympiques ne pourront pas à eux seuls sortir Rio de la misère, tout comme le mondial de football n’a pas vraiment changé la vie de ses habitants.
« Le Brésil passe par une crise difficile, explique Rafa Mazzini, originaire de Rio et expatriée à Barcelone depuis 8 ans, je crois que ce n’est pas le moment pour notre pays de dépenser autant d’argent pour les Jeux Olympiques, la gestion qu’a fait Barcelone n’a rien à voir avec ce qu’il se passe actuellement à Rio. »
Une vision partagée par de nombreux Cariocas. Un tiers d’entre eux vivent encore dans des favelas insalubres et dangereuses. Les 30 000 ouvriers qui travaillent actuellement sur les chantiers olympiques se retrouveront bientôt au chômage et les hôpitaux sont encore dignes d’un pays du tiers-monde. L’Etat de Rio continue en effet ses coupes budgétaires dans les secteurs publics de base pour compenser la chute des recettes pétrolières qui lui apportaient un tiers de ses revenus. Un panorama qui ne suscite guère d’espoir au sein de la population, mais n’empêchent pas les responsables politiques de croire encore à un destin « barcelonais ».