Le président catalan en fonction Artur Mas a regretté aujourd’hui le long processus de négociation de sa coalition Junts Pel Sí et du parti d’extrême gauche La CUP qui a finalement refusé de l’investir pour un nouveau mandat. Sauf surprise, de nouvelles élections seront convoquées lundi.
Artur Mas a réglé ses comptes aujourd’hui avec les membres de la CUP qui ont refusé de voter pour son investiture à la tête de la Catalogne, suite aux dernières élections du 27 septembre. La coalition droite-gauche indépendantiste Junts Pel Sí, spécialement créée pour ces échéances, n’avait pas réussi à obtenir la majorité absolue et avait donc besoin de l’appui du petit parti d’extrême gauche et de ses 10 députés pour investir son président et former un gouvernement.
Trois mois pour rien
Après plus de 3 mois de négociation et de nombreuses concessions faites au parti anti-capitaliste, ses membres ont finalement décidé dimanche 3 janvier que leurs députés ne voteraient pas l’investiture d’Artur Mas. Le président catalan a déclaré aujourd’hui « reconnaître son erreur, et celle de Junts Pel Sí, d’avoir cru au patriotisme de la CUP ».
Il a longuement expliqué toutes les concessions accordées au parti anti-capitaliste, et notamment le dit « plan de choc » incluant un salaire minimum à 1000 euros, l’abandon du projet de méga-casinos Barcelona World, l’arrêt des expulsions immobilières ou encore l’accès à la cantine gratuite pour un plus grand nombre d’enfants. « Chaque fois que Junts Pel Sí proposait quelque chose, la réponse de la CUP était non » a asséné Artur Mas, reprenant ici les éléments de langage habituellement appliqués au gouvernement espagnol et au Partido Popular.
Quatrièmes élections en 6 ans pour la Catalogne
Artur Mas a enfin précisé que la loi lui permettait de signer le décret de convocation de nouvelles élections lundi 11 janvier, et qu’il ne le ferait pas avant, afin de tout essayer pour être investi. Un délai plus pour la forme, tout le monde étant conscient que les négociations sont mortes et les élections auront bien lieu. D’ailleurs, selon lui, « la date des élections sera probablement le 6 mars ». Il s’agira des quatrièmes élections catalanes depuis 2010, année de l’arrivée au pouvoir d’Artur Mas. Le mouvement indépendantiste avait déjà mené le président catalan à convoquer des élections anticipées en 2012 puis en 2015.
Artur Mas, qui subit ici un véritable revers et provoque, en s’accrochant à son fauteuil de président, de nouvelles échéances électorales, ne compte ni démissionner ni se mettre en retrait de la vie politique : « nous avons besoin de tout le monde, sinon le processus d’indépendance est mort. » Il lance déjà la campagne en tentant de prolonger l’accord de coalition Junts Pel Sí. La gauche indépendantiste (ERC) n’est toutefois pas enthousiaste à l’idée de s’allier une nouvelle fois avec le leader libéral, fortement éclaboussé par les affaires de corruption de son parti et affaibli par cette investiture ratée.
Comme l’été dernier, le président catalan ne relâche pas la pression sur ERC et laisse sous-entendre que sans lui, c’est la fin du processus indépendantiste. Si la coalition Junts Pel Sí revoit le jour, la campagne pourrait être à très gauche pour siphonner les voix de la CUP les plus favorables au grand rassemblement indépendantiste. Artur Mas a ainsi déjà annoncé que le plan de choc de social négocié avec la CUP serait intégré au programme de Junts Pel Sí.
Cette législature aura été la plus courte de l’histoire de cette région d’Espagne, qui a aussi vécu sa plus longue période avec un gouvernement en fonction (gouvernement assurant l’intérim car aucun nouveau gouvernement n’a été constitué suite aux élections). Le parlement, présidé par l’icône indépendantiste Carme Forcadell, n’a pu voter aucune loi.
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