Toute l’Espagne est appelée aux urnes le 20 décembre prochain pour choisir un nouveau gouvernement. Une élection dans un climat tendu par le virage indépendantiste catalane et les risques terroristes. Passage en revue des différents candidats.
#Mariano Rajoy : le survivant
Mariano Rajoy est dans le jeu politique depuis 1981. Il a été élu député lors des premières élections régionales de Galice. En 1996, il devient Ministre de José-Maria Aznar. Donné gagnant en 2004 à la présidence du gouvernement, il perdra finalement face à J.L. Zapatero. Il devient chef de l’opposition. M. Rajoy s’accroche et se représente en 2008, pour de nouveau être battu par le socialiste. Il faudra que Zapatero explose face à la crise économique pour que Rajoy soit finalement élu après huit longues années d’attente.
Pour ce scrutin de 2015, le chef du gouvernement conservateur doit faire face à une série de scandales de corruption qui ont secoué son parti. Certains commentateurs pointent aussi du doigt une certaine mollesse notamment dans le dossier de l’indépendantisme catalan où il est reproché au chef du gouvernement d’avoir laissé le désordre institutionnel s’imposer. La dernière étude du CIS donne entre 120 et 128 sièges pour Mariano Rajoy. Malgré un très net recul par rapport à 2011, le nombre d’élus serait suffisant pour faire une alliance avec les centristes de Ciutadans et garder le pouvoir.
Équivalence en France : Les Républicains
#Pedro Sanchez : l’ombre de Zapatero
Le candidat socialiste pourrait obtenir le pire score de toute l’histoire de son parti en n’ayant qu’une poignée de 80 élus, bien loin de la majorité absolue fixée à 176 sièges. Pedro Sanchez se fait aspirer les électeurs centristes par Ciutadans et les votants plus à gauche par Podemos. Le candidat du PS a d’autant plus de mal à se positionner que l’ombre de Zapatero plane sur sa candidature. Le leader socialiste avait démissionné en pleine crise économique, laissant le pays groggy sous un chômage et un déficit records.
Du coup, P. Sanchez fait campagne sur des thèmes sociétaux, rappelant que c’est son parti qui a voté le droit au divorce et au mariage homosexuel. Pas sûr que ça fonctionne car les commentateurs reprochaient justement à Zapatero de ne faire que des lois sociétales et d’être incompétent en matière économique. L’image de Sanchez, effectuant le 3e mandat de Zapatero, explique les mauvais sondages. Cependant avec le système de répartition des sièges à la proportionnelle, le PS pourrait réussir à former une coalition avec l’extrême gauche de Podemos et les centristes de Ciutadans.
Équivalence en France : Parti Socialiste
#Albert Rivera : l’attrape-tout
C’est une histoire singulière que celle d’Albert Rivera, le leader centriste de Ciutadans. Ce parti régional a été fondé il y a une dizaine d’année dans le seul objectif de contrer l’indépendantisme catalan, plus ou moins dans l’indifférence des médias nationaux. Cette année, Albert Rivera est devenu à la mode. Il passe sa vie dans les studios de TV et les radios. Sa cote monte en flèche surtout depuis que Ciutadans a été le parti anti-indépendantiste le plus voté lors des dernières élections catalanes du 27 septembre.
Sans aucune représentation parlementaire, Ciutadans pourrait faire une entrée en force au Congrès avec une soixantaine de députés. Certains sondages ont même donné le parti devant les socialistes, se plaçant en seconde position derrière les conservateurs. Ciutadans capte les électeurs de droite, socialistes et même de Podemos, n’hésitant pas à manier le populisme. De ce flou, il est dur de savoir avec qui s’alliera Ciutadans pour donner une majorité à l’Espagne. Le parti pourrait donner ses voix à Mariano Rajoy mais aussi lui enlever la victoire en formant une grande coalition avec les socialistes et l’extrême gauche de Podemos.
Équivalence en France : Les Républicains, l’UDI, l’aile droite du parti socialiste.
#Pablo Iglesias : le pétard mouillé
Il y a un an, Podemos agitait les médias espagnols et internationaux. On s’imaginait déjà leur leader Pablo Iglesias en futur chef du gouvernement espagnol à la tête d’une grande coalition de gauche. Les Indignés allaient conquérir la quatrième puissance européenne en la réformant de fond en comble avec toute une série de mesures sociales.
Un an plus tard, Podemos s’est écroulé dans les sondages et devrait obtenir une quarantaine de députés. Ça reste un bon score, car en Espagne, contrairement beaucoup de pays européens, il n’existe pas de parti d’extrême droite, Podemos fait donc le plein de voix des contestataires en étant le parti le plus anti-système. Les rêves de grandeur partent cependant en fumée, le score de Podemos ne pourrait lui permettre que d’être la 5e roue du carrosse d’une coalition avec les socialistes et Ciutadans.
Équivalence en France : Le Front de Gauche, L’aile gauche du parti socialiste.
#Francesc Homs : indépendantiste, et plus si affinités
Convergencia , le parti historique de centre droit d’Artur Mas, avait réussi à ne pas se présenter aux élections autonomes catalanes sous son nom (éclaboussé par des affaires de corruption) et s’était réfugié sous la bannière indépendantiste de « Junts pel Si » avec la gauche. De nouveaux scandales de corruption ayant éclaté au sein de Convergencia depuis les dernières élections catalanes, la gauche n’a pas voulu reformer une coalition avec le parti d’Artur Mas. Du coup, Convergencia a réussi à s’associer avec de petits partis catalans pour former une nouvelle coalition : Llibertat i democracia.
C’est Francecs Homs, le bras droit d’Artur Mas, qui est à la tête de la coalition. Officiellement, il va a Madrid pour négocier l’indépendance, certaines mauvaises langues disent qu’il abandonnera le processus de séparatisme pour un pacte fiscal. Indépendantiste et plus si affinités avec le nouveau gouvernement.
Équivalence en France : inexistant
#Gabriel Rufián : bobo républicain
La coalition Junts Pel Si étant pour le moment en sommeil (tout comme le processus d’indépendance qui est au point mort à cause des divisions politiques) la gauche républicaine indépendantiste se présente sous ses propres couleurs aux législatives. L’objet de la candidature est de négocier l’indépendance avec le gouvernement central.
Pour ce faire, c’est Gabriel Rufian, habile politicien médiatique, souvent moqué pour ses allures d’hipster, qui est tête de liste. La gauche catalane devrait tripler ses résultats par rapport à 2011 tandis que Convergencia devrait perdre la moitié de ses députés. Un scénario favorable qui permettrait à la gauche de remplacer Artur Mas par un autre candidat à l’élection de la présidence de la Generalitat qui doit avoir lieu au plus tard le 9 janvier 2016.
Équivalence en France : inexistant
#Josep Antoni Duran i Lleida : le jeune divorcé
L’autre moitié de l’ancienne coalition CiU , Unio democratica de Catalunya, sera représentée par JA Duran i Lleida. Ce parti est connu pour représenter les intérêts financiers des entreprises de Catalogne. Aujourd’hui, la séparation d’avec Artur Mas coûte cher à Duran qui devrait se retrouver avec peu voire pas de représentation parlementaire.
Équivalence en France : UDI