Au terme du second débat pour son investiture ce jeudi 12 novembre et faute d’accord avec les indépendantistes d’extrême-gauche, Artur Mas n’a pas réussi à obtenir les voix nécessaires pour être Président de la Catalogne. Mercredi, le Tribunal constitutionnel suspendait la résolution lançant le processus d’indépendance.
Photos : Cathy Dogon © Equinox Radio
La liste unitaire pour l’indépendance de la Catalogne Junts Pel Sí, arrivée en tête lors des dernières élections catalanes du 27 septembre, proposait cette semaine au Parlement catalan l’investiture de son candidat et président sortant Artur Mas. Une investiture qui avait besoin mardi dernier des votes de la majorité absolue de l’hémicycle, et donc des 62 députés de Junts Pel Sí ainsi que des 10 parlementaires du parti d’extrême-gauche indépendantiste CUP.
Après des semaines de négociation entre les deux listes, la CUP avait refusé mardi d’investir Artur Mas, jugé trop à droite et entaché par les affaires de corruption qui touchent son parti CDC. Le petit parti anti-capitaliste avait alors proposé d’investir un autre candidat issu de la liste Junts Pel Sí, comme Raul Romeva ou Neus Monte, mais la liste unitaire s’y est toujours opposée.
Pas d’investiture pour Artur Mas
Aujourd’hui, Artur Mas n’avait besoin que d’une majorité simple pour être investi : les 62 voix de Junts Pel Sí, 2 voix de la CUP et l’absention des autres députés du parti d’extrême gauche. Et il a tout fait pour les obtenir. Le président sortant a reçu les leaders de la CUP la veille du vote pour leur proposer de choisir trois vice-présidents. Il a même accepté de soumettre le gouvernement à une motion de confiance au terme de l’année parlementaire.
Des propositions qui ont divisé au sein de Convergencia, parti de centre-droit dirigé par Artur Mas, mais n’ont pas réussi à convaincre l’extrême-gauche indépendantiste. « Nous trouvons des choses très intéressantes dans les propositions faites par Artur Mas, mais ce n’est pas suffisant » a déclaré au parlement Antonio Baños, tête de liste de la CUP, ajoutant que son groupe ne permettrait toujours pas l’investiture du candidat, mais qu’il s’agissait d’un « non tranquille ». Le leader anti-capitaliste s’est en effet montré confiant quant à un possible accord dans un futur proche, ajoutant que la CUP appuierait les députés de Junts Pel Sí : « Gouvernons ensemble, faisons-le mais faisons-le avec loyauté, les 72 [députés indépendantistes] ensemble ».
L’article 6.3 du Statut d’Autonomie de la Catalogne précise que si, deux mois après le premier vote d’investiture au parlement , soit le 10 janvier 2016, il n’y a toujours pas de nouveau président, l’assemblée doit être immédiatement dissoute. Dans ce cas, de nouvelles élections catalanes seraient convoquées en mars.
En attendant, la CUP a convoqué ses membres à la fin du mois de novembre pour aborder la question. Les résultats des différentes listes indépendantistes aux élections espagnoles du 20 décembre prochain auront également un impact important sur les négociations.
La résolution indépendantiste suspendue
Lors du vote d’investiture de ce jeudi, les porte-paroles des groupes de Ciutadans, du Parti socialiste catalan, du Partido Populaire et de Catalunya si que es pot (Podemos) n’ont pas non plus soutenu l’investiture d’Artur Mas, lui reprochant son bilan à la tête de la Généralité de Catalogne mais également son projet indépendantiste. La plupart d’entre eux ont évoqué la résolution parlementaire votée lundi pour lancer le processus de création d’un nouvel Etat et suspendue hier par le Tribunal Constitutionnel.
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Le leader du PP catalan, Xavier Albiol, a notamment débuté la séance parlementaire en demandant à la Présidente du Parlement Carme Forcadell d’accepter publiquement la décision du Tribunal, ce qu’elle a refusé au motif que « la question ne correspondait pas à l’ordre du jour [de cette séance] et serait débattue plus tard au sein du Bureau du Parlement ». Carme Forcadell fait partie des 21 dirigeants catalans, membres du gouvernement et du parlement, à avoir directement reçu la décision du Tribunal constitutionnel, ainsi qu’un rappel des sanctions encourues en cas de désobéissance.
Débat au Parlement de Catalogne
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