Interview Sébastien Tellier

Sébastien Tellier

Sébastien Tellier sort son nouveau single « L’amour naissant« . En plus du son,  le barbu nous offre un clip en noir et blanc où pour la première fois il apparaît  sans sa paire de lunettes aux verres fumés. Comme nous en parlerons dans l’interview  Sebastien Tellier  semble se prendre pour Dieu , ce qui ce confirme dans ce clip avec  chevelure  et barbe abondantes ,  les deux index pointés au ciel.

Le nouveau single  « L’amour naissant » c’est  l’histoire d’amour entre un homme (qui est d’ailleurs un prêtre pour rester dans l’obsession religieuse) et une  femme incarnée par Anna Mouglalis.

Bonne nouvelle Sébastien Tellier artiste Equinox Radio  sortira son  nouvel album « Confection »,  le 14 octobre prochain.

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A la base ton genre de musique se rapproche plutôt de la variété et depuis un petit moment tu collabores avec Mr Flash et Ed Banger Records. Comment se passe la collaboration avec ces artistes qui viennent plutôt de la scène électro un peu hardcore?

Travailler avec Mr Flash c’était vraiment super parce que les gens d’Ed banger ce sont des gens futuristes de la musique, ce sont des gens qui ont envie de créer l’avenir, c’est ça qui est important. Il y‘ a des artistes qui sont nostalgique de l’ancienne musique mais Ed Banger ce n’est pas ça on fonce vers l’inconnu et c’est ça que j’adore chez ces artistes.

La banalité m’a donné envie de devenir quelqu’un de spécial

Tu as déclaré que tu venais de banlieue donc tu as connu l’image caricaturale de la banlieue, l’insécurité, la désespérance sociale, est-ce qu’il y a un message social dans tes œuvres ?

Je reste tourné vers le rêve et l’imaginaire, et faire du social ça serait trop réel pour être placé dans mon rêve. Après dans ma vie personnelle, il y a une sorte de message social. Quand je vois que je peux bouger dans le monde entier grâce à ma musique c’est de la réussite sociale. J’habitais dans une maison autour d’une banlieue et toutes ces maisons se rassemblaient, et cette banalité m’a donné envie de devenir quelqu’un de spécial parce que j’ai évolué dans un milieu totalement banal.

Le titre préféré de la rédaction d’Equinox c’est Cochonville, elle passe beaucoup sur l’antenne d’ailleurs. Beaucoup de nos auditeurs se demandent où est Cochonville car on ne l’a pas trouvée sur les cartes?

Alors Cochonville n’existe pas encore, c’est une ville qui reste à construire puisque le but de l’Alliance Bleue, le mouvement que je suis en train de construire en parallèle de ma musique est un mouvement qui a pour but de créer un parc d’attractions pour les adultes. Et ill se trouve que dans ce parc d’attractions,  il y aura une partie réservée au vices qui s’appellera Cochonville où on aurait le droit de tout faire dans cette partie. Il faut m’envoyer beaucoup d’argent pour que je puisse la créer et un jour elle existera j’en suis sûr.

C’est la question « coup de boule », si tu n’aimes pas la question tu as le droit de me mettre un coup de boule. Tu fondes une secte, tu t’es fais la tête de Jésus-Christ, tu fondes un mouvement sur la foi, comment vas-tu rattraper tes 2000 ans de retard ?

(rires) C’est pas une secte car dans une secte il y a de la manipulation, il y a du vol de l’autorité moi c’est tout ce que je déteste justement. C’est plus un mouvement communautaire c’est juste des gens qui ont une même façon de penser. Je fais aussi ça pour le spectacle.

Tu as dit que tu étais très complexé par ton physique. Jim Morrisson était comme toi et chantait de dos au début. comment as-tu fait pour t’assumer sur scène devant le public?

Ça été dur pour moi pendant un moment, surtout que je me voyais plus compositeur. Mon rêve c’était de faire de la grande musique classique. Et puis j’ai compris que pour exister dans la pop musique il fallait gagner de l’argent, faire des disques, c’était bien aussi de chanter de pouvoir se produire sur scène sinon ça faisait des disques un peu morts-nés c’est un peu dommage. Je suis très timide et c’est très difficile pour moi, je n’aime pas me voir. Mais la vie est faite aussi d’effort,  comme monter sur scène pour moi.

Tu as dit que tu étais le fils spirituel de Gainsbourg, pourquoi cette obsession de l’héritage et de la filiation 

Je ne sais pas, je me suis plutôt identifié aux personnes que j’admire dans le milieu de la musique plutôt qu’à mes parents. Et puis quelqu’un comme Serge Gainsbourg, c’est quelqu’un dont je n’arrive pas à me débarrasser j’aimerais bien faire quelque chose de totalement différent mais j’y arrive pas il est toujours un peu en moi. Mes idoles existent en moi et j’arrive pas à les chasser.

Sous quelle manière existe-t-il en toi?

La façon de jouer du piano par exemple ou cet amour du tabac ou cette espèce de « douce provocation ». Je l’ai tellement écouté quand j’étais petit et mes parents aussi que c’est maintenant un peu mon ADN. Serge Gainsbourg c’est en quelques sorte ma prison génétique.

Parmi tes autres idoles tu as parlé d’Antonin Artaud et Salvado Dali, est-ce-que c’est leur folie qui te plaît ?

Quand on commence à faire de la musique jeune ce qui est bien c’est qu’on est encore sauvage. Et puis avec l’âge cette sauvagerie s ‘en va et ça enlève de la pertinence à l’art. Et c’est pour ça que les grands artistes deviennent fous, car ils remplacent cette sauvagerie par la folie. C’est une façon de rester jeune, d’avoir la rage comme un jeune, de faire n’importe quoi. La folie est pour moi la suite logique d’une carrière musicale.

Tu fondes ta secte « bleue » la couleur préférée des français, finalement l’Alliance Bleue c’est un site web qui est plutôt bien fait, on parle de toi partout, est-ce qu’il n’y a pas un coup de marketing derrière tout ça ?

Je planifie la suite. Pour moi mon activité préférée, c’est de m’allonger sur mon canapé et d’imaginer des choses, comment je vais faire pour vendre des disques et qu’on parle de moi au maximum, quel personnage je vais jouer. C’est un plan général que je ne qualifierais pas de plan marketing, c’est un plan artistique mais qui inclut du marketing malheureusement car on peut pas exister si on séduit pas l’autre et c’est ça le marketing

Je t’ai envoyé un tweet qui est resté lettre morte, en te demandant de venir jouer à Barcelone car les gens t’attendaient. 6 mois plus tard tu es à Barcelone, coïncidence ?

(rires) Barcelone ça fait longtemps que j’ai envie d’y revenir. La première fois que j’ai joué c’était il y a 10 ans. Mais il se trouve que mes disques ne marchent pas du tout en Espagne. C’est dommage car c’est un pays que j’adore.

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