Belle rencontre entre la team Equinox et les Club Cheval au grand complet accompagnès de Louis Brodinski. Interview sans détour sur l’univers electro français actuel
Première question pour Louis, connu sous le nom de Brodinski, tu as la particularité d’avoir commencé les mixes à l’âge de 19 ans. Ta première scène c’était il y a 6 ans. Tu as vécu cette aventure très jeune. Comment évolue-t-elle ?
Brodinski : C’est difficile d’être objectif sur ça propre carrière, c’est très intéressant d’avoir passé ces 6 ans à tourner partout dans le monde, et d’avoir connu plein de clubs différents. Aujourd’hui je viens d’avoir 25 ans, j’ai déjà fait beaucoup de choses, j’en suis hyper fier et très content. Et puis ça va faire un plus d’un an que j’ai créé, avec mon manager Manu Barron, le label Bromance dont le Club Cheval fait partie. Et maintenant ça fait vraiment plaisir d’avoir un groupe soudé avec qui l’on s’entend bien tant sur le côté humain que sur le coté musical. Je souhaite que ce label avance et que l’on puisse faire les choses que l’on aime.
Certaines personnes dans le milieu disent qu’il y a trop de labels et que leur réponds-tu?
Brodinski: Je pense pas qu’il y en ait trop, je pense que l’on est dans une époque où on fait tous partie de la génération d’Internet. Bromance était jusque-là un label digital. Si j’ai créé ce label avec Manu c’est que je voulais apporter ma propre touche à cette histoire de « trops de label ». Je voulais apporter mes petits trucs à moi, sans dépendre de quelqu’un, pousser des artistes en lesquels je crois. Et c’est grâce à un label, qu’aujourd’hui on peut faire des choses comme ça !
Myd et Panteros666 : Et surtout Bromance était plus une aventure entre potes et c’est plus une grande famille avec qui l’on travaille. Nos carrières servent aux uns et autres, on produit tous ensemble. On a beaucoup de projets en commun.
Canblaster : Et ce qui est cool aussi c’est que contrairement aux labels qui ne font que produire, Bromance est une vraie entité qui pense aussi au live et tout ce qui suit après la sortie d’un mixe.
Vous parlez de famille, et est-ce que la famille Bromance collabore activement avec la famille Ed Banger ?
Brodinski : On est plus une bande de potes ! Ed Banger représente beaucoup de choses pour nous tous, j’étais très proche de toute l’équipe en général. Hier soir, on a organisé une soirée à Paris, Bromance et Marble, qui s’appelait « nous sommes 2013 », ça s’est très bien passé. Il n’y avait pas du tout de concurrence, pas de coup bas et il y a une très bonne ambiance. Et de voir que cette année, Bromance fête ses un an et que dans 3 mois Ed Banger fêtera ces 10 ans, c’est un éternel renouvellement. La musique continue d’‘avancer en France, des choses nouvelles se font, on évolue tous chacun de notre côté et on continue de travailler ensemble dans la joie et la bonne humeur .
Tu parlais de la musique en France et moi ce que je trouve dommage que les DJ français ne samplent plus des dialogues français et du coup on a du mal à différencier un DJ français d’un américain ou d’un anglais. Pourquoi des gens comme toi ne samplent plus en français ?
Brodinski: Parce qu’on a un peu être un peu marre que les Français soient chauvins et surtout aujourd’hui je ne me vois pas comme un DJ français. On a grandi avec l’Internet, et du coup nos influences sont différentes. Dans Bromance, on a tous des influences différentes. Moi par exemple mes influences partent de Détroit à Memphis. Et ici on a tous un peu notre spécialité sur ce qui nous a touché dans la musique électro durant notre jeunesse, et ça permet de faire des styles musicaux différents ! Et du coup c’est vrai que je me sens pas du tout Français dans la musique que je fais. Je pense que le mot French Touch a été un peu trop utilisé et que maintenant il ne veut plus dire grand chose, c’était une époque, et aujourd’hui ça se passe très différemment.
Canblaster : Mais après je trouve que les groupes dont tu parles, Rouge Rouge, Dimitri from Paris, sont des groupes plutôt « lounge français » et nous au final on est plus techno. Je me ne reconnais pas dans cette musique et c’est vraiment deux styles différents même si notre carrière garde ce côté français. Mais ce n’est pas trop nous !
Sam Tiba : Et puis tu ne définis pas la nationalité d’une musique par la nationalité des samples que tu utilises. L’identité française se manifeste par des trucs beaucoup plus importants et c’est facile de reconnaître si c’est un DJ allemand, français ou américain. Donc je ne suis pas d’accord avec toi quand tu dis que l’on arrive plus à savoir la nationalité des DJ.
Toi Louis tu nous as dit que tu avais été plus influencé par la musique allemande, qu’est-ce qui t’influence dans cette musique ?
Brodinski : Chaque pays a sa touche personnelle et en Allemagne ils ont un truc particulier avec la musique techno. Et c’est un pays super intéressant par rapport à sa culture de la techno, comme peut l’être la Belgique ou l’Angleterre mais par rapport à autre chose. C’est un pays extrêmement intéressent vu son évolution dans la musique. Et c’est ce style-là qui m’attire et il est très proche de ce que l’on essaie de faire. D’ailleurs beaucoup d’artistes que l’on connaît ont déménagé en Allemagne alors que ce n’est pas leur pays d’origine.
Juste une question pour Club Cheval, vous êtes 4 DJ, et donc comment ça se passe sur scène quand il y a 4 DJ, quel est le rôle de chacun?
Panteros666 : Avant tout Club Cheval est un collectif de producteurs de musique avant d’être 4 DJ, donc quand on vient sur scène, c’est pour promouvoir notre musique. La scène n’est pas le point de départ de notre travail. Sur scène on a décidé de travailler par duo pour pouvoir présenter au mieux notre musique et c’est aussi comme ça que l’on bosse en studio. C’est beaucoup d’échanges, et être à 4 platines sur une scène techniquement, ce n’est pas ce que l’on recherche pour l’instant. On attend pour ça de faire plus de productions et de proposer peut être plus tard un live.
Sam Tiba : On a tous joué des instruments quand on était plus jeunes, et maintenant notre instrument préféré c’est les platines et la table de mixage. Ça permet de faire des trucs géniaux et de se concentrer plus sur la musique que sur la façon de la faire.
Canblaster :Et quand « Club Cheval » se produira en live ça sera aussi très différent et il n’y aura pas seulement des platines.
Pourquoi 4 têtes de mort sur votre logo ? Pourquoi Club Cheval ? Et puis ma dernière question, que pensez-vous de Barcelone?
Sam Tiba : Comme toutes les capitales européennes, elles sont toutes différentes et vraiment toutes géniales. Pour les 4 têtes de mort, c’est que l’on est toujours tous les 4 à composer, à voyager. C’est une interprétation de nos 4 cerveaux qui ont fusionné.
Myd: Et ensuite pour le nom Club Cheval, « cheval » était un terme qui nous plaisait à tous les quatre et « club » tout simplement car on passe tout notre temps ensemble à produire, à discuter, à voyager et ça nous paraissait évident d’appeler ça un club.
Canblaster : Le terme « cheval » est un terme souvent utilisé en France, on dit par exemple « on lâchait les chevaux », et d’un côté on essaie de se lâcher pour aller plus loin que la techno habituelle.
Brodinski : Je reviens sur Barcelone car c’est une ville où j’ai mixé grâce a mon frère et j’y viens autant en touriste que pour mixer. C’est une super ville a seulement une heure de chez nous. Et en plus il fait beau alors on essaie de passer le plus de temps possible ici!