En Europe, Pedro Sánchez se tire une balle dans le pied

premier ministre espagne

Édito de Nico Salvado, fondateur d’Equinox.

On sait que la principale cause défendue par Emmanuel Macron, depuis la genèse de la constitution de son parti En Marche jusqu’à l’apocalypse de son second mandat, est la défense de l’Union européenne. On sait aussi que la nature (politique) a horreur du vide. Durant 5 jours, du mercredi 24 avril au lundi 29 avril, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a débrayé, lançant planer un doute sur sa possible démission. Avant de se raviser 112 heures plus tard. Ce qui est une éternité dans une politique vivant au rythme des tweets et autres Instagram.

C’est encore plus long quand il y a une triple campagne européenne sous les pieds de Pedro Sánchez. Les législatives catalanes, le 9 mai ; les députés européens, le 9 juin et l’élection interne de la présidence de la Commission européenne avant le début de l’été. Un scrutin au suffrage indirect : ce sont les parlementaires européens qui choisiront. Les conciliabules ont commencé. La centriste allemande Ursula von der Leyen, présidente sortante est d’ores et déjà candidate. Ratissant au centre-droit, elle a reçu en 2019 le soutien français d’Emmanuel Macron et au centre-gauche le soutien espagnol de Pedro Sánchez.

Le but des deux pays était de dresser un cordon sanitaire face à un autre Allemand : Manfred Weber. Bien que candidat de la droite classique, ce dernier plaidait pour un accord entre les conservateurs du PPE (Parti Populaire Européen) et les groupes plus à droite. À savoir, Identité et Démocratie où siègent les membres du Rassemblement National et les Conservateurs & Réformistes où s’assoient les parlementaires d’Eric Zemmour en France et de Vox en Espagne. Avec sa proposition d’alliance, Manfred Weber a été visionnaire au regard de la progression des partis nationalistes partout en Europe. Le RN explose en France, Vox ne fait pas de mauvais score en Espagne, tandis que la droite musclée a pris le contrôle de l’Italie avec Georgia Meloni et que les nationalistes possèdent leurs entrées en Finlande et en Suède.

Une poussée spectaculaire qui fait pencher Ursula von der Leyen, du côté droit. Pour être réélue, la présidente se tend vers la Première ministre italienne. Celle qui fut si proche de Pedro Sánchez durant les cinq dernières années semble tourner le dos au socialiste. Pour mieux serrer la main du parti radical Vox. Et on peut dire que Sánchez, avec sa grève de cinq jours, lui facilite les choses. Il s’est auto-affaibli dans toute l’Europe comme aucun autre dirigeant espagnol ne l’a fait avant lui. Non seulement son absence envoie un message de fragilité extrême à Bruxelles, ce qui permet de négocier tranquillement sans passer par Madrid. Le « coup » du Premier ministre a aussi fait la une de toute la presse européenne. Si Pedro Sanchez se plaignait d’être harcelé par la droite et l’extrême-droite en raison d’une affaire de corruption de sa femme, les médias internationaux n’ont retenu qu’un bout de l’annonce : le Premier ministre espagnol est embourbé par une affaire illégale concernant son épouse.

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