Les deux groupes indépendantistes Junts pel Sí et La Cup proposent que le parlement catalan se réunisse lundi de manière exceptionnelle pour examiner la déclaration d’indépendance.
Les indépendantistes ont finalement choisi la date la plus éloignée possible pour convoquer le parlement. Selon leur propre loi de déconnexion votée en septembre au parlement (suspendue par le tribunal constitutionnel espagnol), le parlement devait se réunir 48h après les résultats du référendum pour proclamer l’indépendance. En théorie, le parlement aurait du être convoqué depuis hier. Les spéculations donnaient une date entre ce vendredi et lundi prochain. Finalement c’est le lundi 9 octobre qui a été retenu.
Ce retard traduit les divisions du camp indépendantiste. Les séparatistes ne savent pas quelle forme donner à leur déclaration. L’extrême-gauche de la CUP ansi que les associations indépendantistes ANC et Omnium sont en faveur d’une déclaration « sèche ». Pour eux, lundi soir, la Catalogne doit être considérée à l’instant même comme définitivement séparée de l’Espagne. La Police Nationale et la Guardia Civil deviennent des forces étrangères et sont invitées à quitter le pays. Les banques doivent transférer l’argent des impôts espagnols immédiatement sur les comptes de la Generalitat. Ce mode de déclaration semble avoir la faveur du président Puigdemont et du numéro 3 du gouvernement, le cerveau Jordi Turull. Surtout depuis le discours de fermeté du roi hier.
Un scénario qui déplaît à la frange modérée incarnée majoritairement par le propre parti de Puigdemont (PDeCAT). Cette frange préférerait proclamer symboliquement l’indépendance cette semaine, mais laisser passer une période de six mois à un an, avant de prendre la moindre mesure concrète, de manière à laisser à l’Espagne et l’Europe le temps d’ouvrir une négociation pour faire les choses en douceur. Alors que la Cup représente la rue, les étudiants, les protestataires, le PdeCat lui rassemble les couches supérieures de l’indépendantisme (commerçants, avocats, chef d’entreprise). Puigdemont devra trouver une formule pour la déclaration d’indépendance qui plaise aux deux secteurs. L’indépendantisme ne dépassant pas la moitié de la population catalane, le mouvement ne peut se permettre une division. Les plus modérés ne veulent pas non plus « passer pour des imbéciles » devant l’Union Européenne et la presse internationale et cherche une formule qui donne la plus grande crédibilité possible à la déclaration d’indépendance.
La réponse de l’Espagne
Le ferme discours du roi hier semble ouvrir la porte à l’application du fameux article 155 de la constitution espagnole. Une disposition qui permet au gouvernement espagnol de prendre le contrôle de la Generalitat pour une durée définie. A Madrid aussi il y a deux secteurs. Les plus radicaux demandent un contrôle total de l’autonomie catalane : la police, les finances, le parlement et destituer l’ensemble du gouvernement catalan. Le secteur le plus modéré explique qu’il suffit de prendre le contrôle de l’autonomie 24 heures pour dissoudre le parlement catalan et ainsi convoquer de nouvelles élections catalanes.C’est l’option que redoute le plus Puigdemont et le gouvernement catalan.