Les hôpitaux Vall d’Hebron et Clínic de Barcelone souhaitent mesurer l’ampleur du phénomène chemsex, une pratique dangereuse qui consiste à avoir des relations sexuelles sous drogues.
Mis à jour le 07/06 à 16h
Plusieurs hôpitaux barcelonais ont décidé de s’intéresser au chemsex (acronyme de l’expression anglaise chemical sex). Par définition, cela consiste à avoir des relations sexuelles sous l’emprise de drogues. En 2015, El Confidencial expliquait que ce type de pratique « fait référence à un type de fête, en général homosexuelles (bien que par définition on peut aussi inclure les hétérosexuels), qui peut se prolonger durant longtemps grâce à la consommation de stupéfiants ». Elle ne serait pas sans conséquences pour la santé. Des médecins expliquent que cette pratique peut propager des maladies sexuellement transmissibles et générer une dépendance à des substances toxiques.
« Un phénomène très important »
Le chemsex commence aujourd’hui à être évoqué dans les hôpitaux barcelonais. Avant, selon El País, « c’était les centres communautaires (…) qui détectaient les conséquences de ce phénomène ». L’Hospital Clínic de Barcelone a commencé à réaliser une enquête anonyme et volontaire auprès des patients afin de « connaître la dimension du phénomène, se faire une idée réelle de la consommation de chemsex » nous explique José Luis Blanco du service maladies infectieuses et sida de l’hôpital.
Ses rencontres avec ses patients lui donnent l’impression que « c’est un phénomène très important (…) entre 35 et 40% des patients du service affirment consommer du chemsex. Il s’agit d’hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes ». Mais il ajoute que « seulement 15% des patients sont conscients que c’est un problème ».
Le médecin explique que l’enquête a pour objectif « d’identifier l’ampleur du chemsex et de comprendre ce qui amène les personnes à le faire, car certains patients parlent d’une obsession de cette pratique. Ensuite nous pourrons développer les outils nécessaires grâce à l’analyse des données récoltées ». Le docteur souhaite sensibiliser sur les risques de maladies sexuellement transmissibles, mais aussi proposer une aide psychologique si besoin. Il se dit préocupé par l’état de santé général des personnes consommant du chemsex.
Une meilleure coordination
Du côté de l’hôpital du Vall d’Hebron, María Jesús Barberà, coordinatrice de l’unité MST a confié à El País « avoir constaté depuis quelques années que cela existe. Nous observons les conséquences physiques: maladies sexuellement transmissibles et pathologies ». Elle a expliqué avoir lancé des conversations internes pour lancer un circuit avec d’autres spécialistes de l’hôpital, « afin d’aborder le chemsex de façon plus dirigée ».
Ferran Pujol, le directeur de BCN Checkpoint, centre de prévention contre le SIDA et autres MST, demande une coordination avec les centres de proximité afin « d’aider et non juger ». Un point rejoint par María Jesús Barberà: « si le patient le demande, nous lui offrons de l’aide et nous faisons appel aux centres communautaires ».